Les audiences de Sir John

Fiche identité

  • Titre du livre : Les audiences de Sir John 
  • Auteur : Bruce Alexander
  • Nombre de pages : 383
  • Édition : 10 x 18
    • Année de publication : 1994

Résumé

Cette histoire se déroule à Londres au cours de l’année 1768. Jeremy Proctor, orphelin, débarque dans la capitale. Victime d’arnaqueurs, il est traîné au tribunal où siège Sir John Fielding, un magistrat aveugle. Ce dernier le prend sous son aile et l’embarque dans ses investigations policières. C’est ainsi qu’il va participer à l’enquête sur le décès de Lord Goodhope.

Avis     

Après deux ouvrages splendides mais exigeants, j’avais besoin d’une pause. C’est ainsi que je suis tombée sur cette série policière qui raconte les enquêtes menées par un magistrat aveugle.
Après avoir sauvé un jeune garçon de treize ans des griffes de malfrats, Sir John Fielding le prend sous son aile. Ensemble, ils vont participer à l’enquête concernant le mystérieux décès de Lord Goodhope.
Ce magistrat reste quand même sympathique bien qu’il soit de temps en temps misogyne et moralisateur. Mon personnage préféré est Jeremy Proctor, un jeune garçon débrouillard, serviable et vif qui comprend vite les choses. Il sait se rendre utile quand il le faut et surtout, il a la décence de ne pas fouiner dans les affaires des autres alors qu’on sent qu’il en brûle d’envie.
Ce livre, par bien des détails, rappelle ceux d’Agatha Christie, notamment le dernier chapitre en huis-clos où les révélations sont faites de manière spectaculaire. Pour être honnête, je m’y attendais un peu, car quelques indices m’ont mis sur la piste. C’est le mobile développé par le magistrat qui m’a paru peu crédible par contre. Je ne peux pas en dire plus, car je souhaite garder le mystère entier pour ceux qui liraient ce roman.
Le style d’écriture est agréable, fluide et léger. Les descriptions sont bien faites et restituent avec brio Londres au XVIIIème siècle. On imagine sans grande peine les effluves des égouts à ciel ouvert, les ruelles mal famées ou la terrible prison de Newgate.
Pour conclure, une enquête historique à découvrir !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : Le fer et le feu

Le choix de Sophie

Fiche identité

  • Titre du livre : Le choix de Sophie 
  • Auteur : William Styron
  • Nombre de pages : 636
  • Édition : Gallimard
  • Année de publication : 1979

Résumé

Stingo, un jeune écrivain débutant qui vient du sud des Etats-Unis déménage dans la banlieue de Brooklyn. C’est dans ce nouvel endroit qu’il rencontre Sophie et Nathan, un couple excentrique qui le fascine terriblement. Il nouera une très forte amitié avec eux au point de devenir le principal confident de Sophie.

Avis     

Ce livre est d’une beauté stupéfiante. C’est comme une secousse sismique au fond de soi, un déferlement d’émotions comme rarement, je l’ai vécu. À la fin, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps et il m’a fallu plusieurs jours pour m’en remettre. À l’heure où je vous écris, ces personnages me hantent encore et continueront à le faire quelque part dans ma mémoire.
Pourtant, j’ai eu du mal à entrer dans cette histoire. Le premier chapitre raconte les débuts malheureux de Stingo dans une maison d’édition. C’est avec une ironie mordante qu’il décrit ses conditions de vie. Puis l’auteur change de décor et fait entrer en scène Sophie et Nathan. Au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture, l’histoire devient de plus en plus prenante. On découvre la passion amoureuse et destructrice qui lie Sophie et Nathan, les multiples frustrations que vit Stingo par rapport à sa sexualité inassouvie, mais aussi les confessions de Sophie sur son passé en Pologne.
C’est un roman qui emmène le lecteur dans un tourbillon de sentiments : on sourit devant les tribulations de Stingo dans sa vie amoureuse ; on reste un peu effrayé devant l’inertie de Sophie face à la violence des sentiments de Nathan. Je me suis bêtement dit : « c’est son choix après tout ». Mais quand les secrets les plus profonds sortent enfin du néant, tout s’explique. Je suis restée tétanisée, en larmes. J’ai enfin compris pourquoi ils se comportaient ainsi. J’ai eu honte d’avoir jugé Sophie et Nathan, mais vraiment honte ! La seule leçon que je peux tirer, c’est qu’on ne peut juger personne, car on ne sait pas quelles épreuves elle a affronté auparavant.  
Les personnages sont extrêmement bien construits, avec une analyse psychologique des plus fines et des plus intéressantes. Suivre Stingo, c’est entrer dans la jeunesse, le manque d’expérience et l’apprentissage de la vie. Suivre Nathan, c’est frôler les méandres de la folie. Suivre Sophie, c’est plonger dans un destin tragique et insoutenable, où l’ironie est cruelle, car elle n’est fautive que d’une peccadille qui la conduira en enfer. J’ai tremblé devant certaines scènes, devant cette horreur décrite sur les conditions de vie dans le camp d’Auschwitz. Voici d’ailleurs une citation qui m’a intensément émue.
« La déclaration la plus pertinente faite jusqu’à ce jour sur Auschwitz n’était pas une déclaration mais une réponse :
La question : « A Auschwitz, dis-moi, où était Dieu ? »
Et la réponse : « Où était l’homme ? »

Le style d’écriture est superbe, magnifique et dense. Il nécessite du temps et une vraie disponibilité d’esprit, car il vous dévore en entier et ne vous laisse pas indemne. Un roman EXCEPTIONNEL, INOUBLIABLE, MAGISTRAL à découvrir !