Léviathan

Fiche identité

  • Titre du livre : Léviathan
  • Auteur : Paul Auster
  • Nombre de pages : 317
  • Édition : Le livre de poche
  • Année de publication : 1992

Résumé

Comment et pourquoi Benjamin Sachs, écrivain talentueux, est devenu le poseur de bombes qui détruit chaque représentation de la statue de la Liberté dans les villes ?

Avis     

Quand on commence un livre de Paul Auster, on ne sait jamais où il va nous emmener ni dans quels méandres on va naviguer. Chaque page recèle des surprises, des coïncidences, des hasards.
L’histoire est racontée du point de vue de Peter Aaron, un ami de longue date de Benjamin Sachs. Quand il lit dans la page des faits divers qu’un homme a explosé près d’une bombe artisanale, Peter sait qu’il s’agit de Benjamin, son ami. Il entreprend alors, dans un livre, d’exposer la vérité. Il revient sur leur rencontre, la naissance de leur amitié, les épreuves qu’ils ont traversées, l’un toujours dans le sillage de l’autre.
L’auteur met beaucoup l’accent sur le hasard, une sorte de main invisible qui influence le destin des protagonistes et fait dévier la trajectoire d’une vie. Il décrit la longue descente aux enfers de Benjamin et les éléments qui l’ont conduit dans cette voie sans issue qui est le terrorisme. Étrange comme ce roman écrit en 1992 a encore des résonances en 2023…
D’une manière globale, l’histoire ne m’intéressait pas, mais l’auteur sait tellement bien raconter que j’ai fini par suivre son fil d’Ariane jusqu’au bout. Si c’était un autre écrivain, je doute fort que j’aurais continué mais il a un don pour nous captiver, pour nous attraper au moment où on a envie de lâcher.
Je trouve également cet ouvrage très « new-yorkais » : Brooklyn, deux amis écrivains, une maison de vacances dans le Vermont, la statue de la Liberté comme symbole et cible des attentats. Mon récent séjour dans cette ville m’a vraiment permis de saisir cette ambiance indescriptible et de le retrouver un peu dans ce livre.
Le style d’écriture est limpide, clair et très agréable à lire. Les descriptions sont magnifiques, notamment celui de l’état d’âme des personnages principaux. Il y a quelque chose d’ensorcelant dans ce roman. Je ne sais pas quoi exactement, c’est un tout, mais si l’envie vous tente, faites quand même le détour.

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog :  Chronique d’hiver – Invisible – Le livre des illusions – L’invention de la solitude – Moon Palace – Trilogie new-yorkaise

Fille

Fiche identité

  • Titre du livre : Fille
  • Auteur : Camille Laurens
  • Nombre de pages : 256
  • Édition : Gallimard 
  • Année de publication : 2020

Résumé

Laurence est la seconde fille d’une famille bourgeoise de Rouen. Ses parents désiraient un garçon. Très vite, elle comprend que derrière ce mot « fille » se cache une position précaire.  

Avis     

Lire ce livre, c’est partager le temps de quelques pages les conditions de vie des femmes contemporaines.
Être née fille, même à une époque pas si éloignée de la nôtre, peut être une source de déception pour certains parents qui désirent ardemment un fils. C’est le cas de Laurence, seconde fille d’une famille bourgeoise de Rouen. Ses parents sont indifférents envers les enfants et s’occupent à peine d’eux : Laurence et sa sœur reçoivent peu de marques d’affection et grandissent cahin-caha, comme des fleurs sauvages. Nous allons suivre son parcours, depuis son enfance jusqu’à sa vie de mère.
L’auteur évoque des sujets sensibles : l’inceste et le silence derrière ce tabou ; l’IVG, la perte d’un enfant lors d’un accouchement, l’homosexualité, etc.
Néanmoins, je trouve que ce livre plonge dans la caricature : les parents sont décrits comme des êtres exécrables ; les différences de traitement entre les garçons et les filles sont accentuées, voire exagérées ; les filles sont positionnées comme des victimes, des malchanceuses qui ont tiré le mauvais numéro à la naissance. Je reproche à l’auteur cet antagonisme qu’elle met d’emblée entre un garçon et une fille.
Personnellement (et j’ai peut-être eu beaucoup de chance), je ne me suis pas reconnu dans ce qu’elle décrit.
Le style d’écriture reste dans l’ensemble agréable, même s’il y a quelques longueurs. C’est son ton vindicatif qui m’a parfois agacé. J’ai senti beaucoup de colère, d’amertume dans ses propos.
Pour conclure, j’ai un avis mitigé !