Pères et fils

Fiche identité

  • Titre du livre: Pères et fils
  • Auteur: Ivan Tourgueniev
  • Nombre de pages: 320
  • Édition: Folio
  • Année de publication: 1862

Résumé

Cette histoire se déroule en Russie, au XIXème siècle au moment de l’abolition du servage. Après une année d’étude universitaire, Arcade revient dans son domaine familial avec un ami, Bazarof. Jeunes et plein de fougue, ils sont pétris de nouvelles idées qui déconcertent leurs parents.

Avis     

Cette histoire m’a profondément ému, par la simplicité de son sujet et par la beauté de son style d’écriture.
Dès les premières lignes, l’auteur nous emmène dans cette magnifique campagne russe du XIXème siècle. Grâce à ces magnifiques descriptions, je me suis sentie vraiment là-bas : je déambulais dans le domaine familial des Kirsanof ; j’étais confortablement installée dans le salon de Mme Odinstof ou allongée dans la meule de foin près de la maison de Bazarof…
Le récit est simple, mais difficile à résumer si on ne souhaite pas dévoiler la fin. Beaucoup de thèmes sont évoqués dans ce récit avec une délicatesse et une subtilité que j’ai rarement vu :
– l’amitié, ce lien merveilleux qui rapproche deux jeunes hommes, issus de milieux sociaux différents, mais qui partagent les mêmes idéaux. Cette amitié connaît des moments de bonheur mais aussi des rivalités, et résiste parfois mal au temps et aux choix individuels.
– la jeunesse, cette époque de la vie où tout n’est qu’insouciance, nouvelles idées révolutionnaires et projets fantaisistes. J’ai aimé leur fraîcheur, leur naïveté et leur aplomb. Pourquoi ne pas aller séjourner chez une veuve qui a mauvaise réputation pendant plusieurs semaines ? Ou aller à un bal dans une lointaine commune ? Ou voler un baiser à une femme?
– l’amour inconditionnel des parents pour leurs enfants : c’est la partie qui m’a le plus ému. Je n’ai pas encore d’enfant mais l’auteur a su transcrire ce sentiment avec une vérité et une sensibilité exceptionnelle. Comment ne pas être touché par l’impatience de Nicolas Kirsanof qui attend son fils ? Ou la joie des parents de Bazarof qui le revoient au bout de trois ans ? Et leur déception lorsque leur fils les quitte pour on ne sait quel projet ? Voici un des passages les plus beaux du livre : « Qu’y faire, Vassili ! un fils est comme un lambeau qui se détache ; c’est un jeune faucon ; il lui plaît de venir et il arrive ; il lui plaît de repartir et il s’envole ; et nous deux, nous sommes toi et moi comme deux petits champignons dans le creux d’un arbre ; placés à côté l’un de l’autre, nous restons là pour toujours. Moi seule je ne changerai pas pour toi, comme toi tu ne changeras pas pour ta vieille femme ! »
– le sens de la vie: faut-il mener sa vie comme les générations passées l’ont toujours fait ou s’émanciper de leur schéma ? Qu’est-ce qui rend le plus heureux : est-ce l’amour ? la famille ? la fortune ? les idéaux ?
Le style d’écriture est MAGNIFIQUE, clair, limpide, doux. Les mots me manquent pour vous dire à quel point tout est beau. La fin est splendide, avec un jeu de parallèles saisissant entre la vie et la mort.
Conclusion : à lire de toute urgence !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Le journal d’un homme de trop – Premier amour

Un héros de notre temps

Fiche identité

  • Titre du livre: Un héros de notre temps
  • Auteur: Mikhaïl Lermontov
  • Nombre de pages: 420
  • Édition: Flammarion
  • Année de publication: 1839

Résumé

Le narrateur, en voyage dans le Caucase, se lie d’amitié avec un capitaine russe, Maxime Maxymitch, Ce dernier lui raconte une anecdote concernant un officier russe nommé Petchorin.

Avis    

En voyant la couverture de ce livre, je sens que les visiteurs réguliers de ce blog vont s’exclamer : « Quoi ! Encore une histoire de soldat ! Elle s’est entichée de l’armée ou quoi ? ».  Malgré les apparences trompeuses, je ne savais absolument pas que ce livre parlait de la vie d’un soldat car je n’avais pas lu le résumé. Mon choix s’est basé sur deux éléments : le titre, un peu mystérieux et qui invite à la découverte ; et le fait que ce soit un auteur russe.
Et là, ce fut encore et une fois de plus une très belle découverte dans la littérature russe : loin de la vie de garnison monotone de Joseph Roth (cf. La marche de Radetzky), on suit un personnage atypique nommé Petchorin. C’est un être égoïste, désabusé et méprisant, qui parfois choisit volontairement la méchanceté et la cruauté : il n’hésite pas à enlever une jeune fille pour ensuite la délaisser une fois la passion éteinte ; il séduit une fille que courtise un de ses camarades pour le provoquer un duel ; il ignore ses anciens amis et se soucie peu de ce que les gens pensent de lui.
Je ne sais pas comment vous l’expliquer mais je l’ai apprécié : c’est vrai que dans ma description, je n’arrive pas à rendre le personnage en entier et pire, j’ai l’impression de le caricaturer. Mais il m’a plu, peut-être parce que son comportement atypique représente des morceaux de caractère de gens que je connais et que de ce fait, son attitude ne m’a pas choqué mais au contraire m’a paru très concrète. Il m’a plu aussi car il me rappelle les héros tortueux de Dostoïevski ainsi que l’Eugène Onéguine de Pouchkine. 
On sent dans l’écriture de Lermontov les prémisses des chefs-d’oeuvre qui ont façonné la littérature russe du XIXème siècle. Ces descriptions sont magnifiques et rendent parfaitement l’ambiance du Caucase.  Son style est riche, soutenu, avec des phrases poétiques mais il n’y a pas de longueurs, pas de mot en trop. Tout est à sa juste place et le rythme est agréable. Je n’ai pas mis le 4ème cœur car les remarques désobligeantes et condescendantes que le narrateur et Petchorin avaient envers les autochtones m’ont agacé. On sent encore la domination impérialiste et le mépris des peuples vaincus dans ces écrits.
Bref, je recommande ce livre exclusivement aux amoureux et familiers de la littérature russe ! Pour les débutants, essayez de commencer par quelque chose de plus doux et ensuite revenez vers Lermontov.