Un artiste du monde flottant

Fiche identité

  • Titre du livre: Un artiste du monde flottant
  • Auteur: Kazuo Ishiguro
  • Nombre de pages: 352
  • Édition: Folio
  • Année de publication: 1986

Résumé

Le peintre Masugi Ono revient sur ses souvenirs de jeunesse d’autant plus qu’il est confronté aux changements culturels de son pays après la guerre.

Avis     

Kazuo Ishiguro est un auteur que j’affectionne beaucoup. Je ne manque jamais de le lire quand j’ai un peu de temps devant moi. Il sait susciter chez le lecteur une panoplie d’émotions diverses  à chacun de ces romans.
Nous nous retrouvons ici dans le Japon de l’après-guerre, sur les traces d’un artiste peintre, Masugi Ono. Au début, le livre commence de manière vague et mystérieuse puis, tel un fil soyeux qui se déroule doucement sous nos yeux, le puzzle se reconstruit doucement au gré des souvenirs de cet homme. Il revient sur son passé, sur certaines décisions qu’il a prises au moment de la guerre et qui semblent apporter maintenant du tracas à ses enfants. Le passé reste le passé, avec ses erreurs mais aussi un contexte différent qui peut expliquer certaines réactions et certaines attitudes.
Masugi Ono, dans  ces vieux jours, se retrouve aussi un peu perdu face aux changements de son pays : les héros d’antan, c’est-à-dire les samouraïs, sont remplacés par les cow-boys et les films américains. Les anciens quartiers de la ville se métamorphosent : les maisons traditionnelles sont remplacées par des immeubles. Les idées patriotiques et nationalistes sont mal vues désormais. Le Japon qui existait à son époque n’est plus qu’un souvenir, d’où peut-être ce titre mystérieux de « monde flottant ».
Ce roman est un peu semblable à celui qui s’intitule Les vestiges du jour. Le style d’écriture est doux, poétique et léger, avec un arrière-goût nostalgique. Lorsque j’ai lu ce livre, j’ai l’impression de voir mes grands-parents évoquer leur passé et leur jeunesse. Les souvenirs sont les seules choses qui leur restent et je revois leurs regards nostalgiques tout comme j’imagine celui de Masugi Ono.
Vous l’avez compris, ce livre m’a touché donc je vous le recommande. Une perle de douceur à savourer !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Auprès de moi toujours – Klara et le SoleilLe géant enfoui Les vestiges du jourNocturnesQuand nous étions orphelins

Le secret de Lady Audley

Fiche identité

  • Titre du livre: Le secret de Lady Audley
  • Auteur: Mary Elizabeth Braddon
  • Nombre de pages: 477
  • Édition: Rivages
  • Année de publication: 1862

Résumé

Que se cache-t-il derrière la soudaine disparition de George Talboys, un jeune aventurier récemment rentré d’Angleterre ? Quel est le rôle joué par la jeune Lady Audley ?

Avis     

Ce roman, publié au XIXème siècle, ne peut pas être qualifié de « classique » si on tient compte de la définition stricte de ce mot dans la littérature. En réalité, c’est une enquête policière dans l’Angleterre victorienne.
La nouvelle Lady Audley, jolie blonde évaporée, enchante son mari, un vieux baronnet veuf et riche du comté de l’Essex. Mais lorsqu’un de leurs invités, George Talboys, disparaît subitement dans leur domaine, Robert Audley, le neveu de Lord Audley, est assailli de doutes et décide de mener l’enquête.
Le secret en soi n’est pas compliqué à deviner : en quelques pages, on cerne bien le crime et son mobile. Mais l’auteur étale un peu trop les évènements, si bien qu’à la fin, tout devient bien long et bien fastidieux. Le cheminement de Robert Audley prend beaucoup de place : c’est comme si l’enquêteur lui-même n’osait admettre l’évidence qui saute aux yeux dès le début et qu’il cherchait à absoudre ce crime à tout prix.
En soi, Lucy Audley n’est ni attachante ni repoussante : elle a juste utilisé les atouts physiques qu’elle possédait pour se faire une meilleure place au soleil. L’auteur n’arrive pas à lui donner des traits machiavéliques ni cruels.
La fin est conventionnelle, ce qui a accru ma déception : le crime est puni tout en sauvegardant l’honneur d’une famille respectable. J’aurai aimé une fin plus tragique et plus mélodramatique.
Le style d’écriture reste correct, bien que certains passages soient ennuyeux du fait de leur longueur. Il n’y a pas le punch de Wilkie Collins, ni le tragique des sœurs Brontë, ni l’ironie subtile de Jane Austen, mais le ton reste quand même globalement agréable.
Ce livre ne fut pas une lecture mémorable mais je le recommande quand même pour les amateurs de romans du XIXème siècle méconnus. Toujours est-il que ce roman, du temps de sa publication il y a un siècle et demi, a connu un vif succès !