Sa majesté des mouches

Fiche identité

  • Titre du livre : Sa majesté des mouches
  • Auteur : William Golding
  • Nombre de pages : 245
  • Édition : Gallimard
  • Année de publication : 1954

Résumé

Un groupe d’enfants, de six ans à environ treize ans, se retrouve isolé sur une île déserte après le crash d’un avion. Après les baignades, les excursions et autres plaisirs, il est temps de s’organiser pour survivre. Ralph est nommé chef mais rapidement, Jack aspire à plus de pouvoir. 

Avis     

Comme il n’est jamais trop tard pour découvrir des ouvrages cultes, je me suis enfin intéressée à celui-ci. J’ai essayé de le lire quand j’étais adolescente, mais je n’ai jamais réussi à dépasser le premier chapitre. Heureusement, d’ailleurs, car c’est une lecture ardue, difficile et pour ne pas dire traumatisante. J’en ressors avec la gorge nouée et un sentiment d’incrédulité.
Des enfants se retrouvent isolés sur une île déserte après un crash d’avion. Ils essaient de s’organiser entre eux : un chef élu par la majorité, un groupe dédié à la chasse, un groupe qui alimente un feu, etc. Mais très vite, ces projets s’effilochent. Ralph essaie de sensibiliser sur l’importance du feu, seul signal qui indiquerait leur présence à d’éventuels bateaux de passage. Jack, de son côté, est obsédé par la chasse aux cochons sauvages. Les deux s’opposent vite.
Ce livre nous fait prendre conscience à quel point perdre son « humanité » peut être facile. Dans une situation de survie où il n’y a plus de règles et plus de système normé, les enfants deviennent vite sauvages : ils oublient les notions d’hygiène basique, se nourrissent de fruits, passent leur journée à se baigner et suivent à peine les règles édictées par Ralph. De même, ils sont affectés par des croyances comme l’existence d’une bête dangereuse dans la forêt, le besoin de sacrifier leur chasse à cette créature mystérieuse. Certaines scènes sont choquantes par leur violence, par leur sauvagerie et leur absence d’humanité. Ces enfants, rongés par la solitude, l’envie, la colère, la faim et l’amour du pouvoir, perdent pied et se raccrochent à un chef autoritaire et violent. Le pire est l’intention de nuire qu’ils ont développé : certaines scènes ne sont plus des accidents, mais des vrais crimes.
Je ne peux pas tout dire, car je n’ai pas envie de dévoiler toute l’intrigue, mais deux scènes resteront à jamais gravés dans ma mémoire : celle de Simon lorsqu’il arrive au milieu des danseurs fous et celle de Piggy à la forteresse. Mais comment peut-on en arriver là ?
Le style d’écriture est lent, riche et soutenu. Au début, le livre démarre lentement avec beaucoup de descriptions et des péripéties peu intéressantes. Puis il augmente en intensité pour finir par être totalement anxiogène.
Cette histoire m’a perturbée, m’a mis mal à l’aise parce qu’elle pénètre dans une noirceur humaine que je n’ai pas beaucoup rencontrée dans mes lectures. En tout cas, c’est un livre que je ne classerai pas dans la littérature jeunesse.

L’apiculteur d’Alep

Fiche identité

  • Titre du livre : L’apiculteur d’Alep 
  • Auteur : Christy Lefteri 
  • Nombre de pages : 336
  • Édition : Points
  • Année de publication : 2019

Résumé

Nuri est apiculteur et sa femme Afra, artiste. Ils mènent une existence paisible à Alep, en Syrie, avec leur fils Sami. La guerre qui éclate ravage tout et réduit en cendres leur quotidien heureux. Il ne reste plus que deux choix : l’exil ou la mort. 

Avis     

Chassés par la guerre, Nuri et Afra choisissent l’exil plutôt que la mort sous les bombes. Ils ont tout perdu du jour au lendemain lorsque le conflit syrien a commencé. Qu’est-ce qui reste quand il ne reste plus rien ? La volonté de survivre, coûte que coûte. S’accrocher à chaque respiration, à chaque escale et ne voir que le dernier objectif : gagner l’Angleterre pour rejoindre une partie de leur famille.
Pendant plusieurs pages, nous allons suivre le périple de Nuri et d’Afra qui quittent Alep pour arriver en Angleterre. C’est à travers un réseau de passeurs qu’ils essaient d’arriver à destination. Le voyage est risqué : le camion peut se faire intercepter par la milice syrienne ; le bateau, lourdement chargé, peut chavirer d’un moment à un autre sur la mer déchaînée ; les passeurs peuvent disparaître avec leurs maigres économies.
Ce livre décrit la vie des immigrés et leurs conditions de vie innommables. Peut-on rester indemnes lorsqu’on a vécu sous les bombes, vécu dans des abris de fortune pendant des mois en se nourrissant à peine, ballottés de camps en camps comme du bétail ? Qu’est-ce qui reste quand on a perdu son propre enfant ?
Je précise que cette histoire est une fiction, mais basé sur un ensemble de faits réels. L’auteur s’est inspiré de son expérience en tant que volontaire dans un centre de migrants pour recueillir la vie de ces gens exilés.
Le style d’écriture est agréable, léger malgré la complexité du sujet traité. L’auteur sait partager avec beaucoup de pudeur et de justesse les émotions et les sentiments de chacun des deux personnages. J’ai trouvé très touchante leur relation : Nuri essaie de protéger sa femme du mieux qu’il peut, de prendre soin d’elle et de lui faire plaisir par de menus cadeaux.
Un livre à lire pour avoir plus de compassion pour ces migrants qui sont souvent stigmatisés. N’aurait-on pas fait la même chose pour survivre ?