Fiche identité
- Titre du livre: L’invention de la solitude
- Auteur: Paul Auster
- Nombre de pages: 304
- Édition: Actes Sud
- Année de publication: 1982
Résumé
Ce livre est composé de deux parties distinctes. Dans la première partie, le narrateur évoque son père, et tous les souvenirs qui lui sont liés. Dans la seconde partie, le narrateur change de perspective et s’exprime à la troisième personne du singulier, pour raconter des fragments de souvenirs.
Avis
Je classe ce livre parmi les plus déroutants que j’ai lu. Je trouve que les deux parties, déjà plus ou moins déconnectées, sont de qualité inégale.
La première partie m’a paru plus intéressante, peut-être parce qu’elle a un schéma narratif classique : Paul Auster évoque son père, un homme qui lui a paru toujours distant et froid, qu’il qualifie même d’« homme invisible ». Dans cette partie, on sent qu’il fouille au plus profond de son intimité, de ses souvenirs d’enfance et nous relate tout ce qu’il croit savoir de lui. On se rend à quel point grandir dans l’ombre d’un père absent est difficile.
Par contre, la seconde partie m’a paru plus difficile, notamment parce qu’elle est plus décousue, sans réel fil conducteur mis à part le travail de mémoire et de souvenir de l’auteur sur certains évènements, lectures ou hasards de la vie qui l’ont marqué. Il parle aussi de la solitude de l’écrivain et de l’artiste, mais globalement, j’ai moins accroché.
Mais, qu’est-ce que c’est magnifiquement écrit ! Son style d’écriture est juste époustouflant, comme s’il trouve à chaque fois le mot juste et parfait pour décrire ses émotions et sentiments. C’est de l’art avec un grand A, et si parfois je n’ai pas réellement tout saisi, la beauté de son style suffit amplement.
Mon avis me paraît bancal, mais je n’arrive pas à extraire tout ce que j’aimerai vous dire. Pour ne pas m’acharner en vain, je vous laisse sur ce magnifique paragraphe, un de ceux qui m’a le plus touché, parce que l’auteur a su dire tout ce que je suis incapable d’exprimer aux autres avec mes propres mots.
« Il a rêvé toute sa vie de devenir millionnaire, l’homme le plus riche du monde. Ce qu’il convoitait n’était pas tant la fortune que ce qu’elle représente : non seulement le succès aux yeux des autres mais aussi une possibilité de se sentir intouchable. Avoir de l’argent, ce n’est pas seulement pouvoir acheter : cela signifie être hors d’atteinte de la réalité. L’argent en tant que protection, non pour le plaisir. Parce que dans son enfance, il en avait été démuni, et donc vulnérable aux caprices de l’existence. L’idée de richesse était devenue pour lui synonyme d’évasion : échapper au mal, à la souffrance, ne plus être une victime. Il ne prétendait pas s’acheter le bonheur mais simplement l’absence de malheur. L’argent était la panacée, la matérialisation de ses désirs les plus profonds, les plus difficiles à exprimer. Il ne voulait pas le dépenser mais le posséder, savoir qu’il était là. Moins élixir qu’antidote : la petite fiole à emporter au fond d’une poche si on va dans la jungle – au cas où on serait mordu par un serpent venimeux. »
Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Chronique d’hiver – Invisible – Le livre des illusions – Léviathan – Moon Palace – Trilogie new-yorkaise