Le choix de Sophie

Fiche identité

  • Titre du livre : Le choix de Sophie 
  • Auteur : William Styron
  • Nombre de pages : 636
  • Édition : Gallimard
  • Année de publication : 1979

Résumé

Stingo, un jeune écrivain débutant qui vient du sud des Etats-Unis déménage dans la banlieue de Brooklyn. C’est dans ce nouvel endroit qu’il rencontre Sophie et Nathan, un couple excentrique qui le fascine terriblement. Il nouera une très forte amitié avec eux au point de devenir le principal confident de Sophie.

Avis     

Ce livre est d’une beauté stupéfiante. C’est comme une secousse sismique au fond de soi, un déferlement d’émotions comme rarement, je l’ai vécu. À la fin, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps et il m’a fallu plusieurs jours pour m’en remettre. À l’heure où je vous écris, ces personnages me hantent encore et continueront à le faire quelque part dans ma mémoire.
Pourtant, j’ai eu du mal à entrer dans cette histoire. Le premier chapitre raconte les débuts malheureux de Stingo dans une maison d’édition. C’est avec une ironie mordante qu’il décrit ses conditions de vie. Puis l’auteur change de décor et fait entrer en scène Sophie et Nathan. Au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture, l’histoire devient de plus en plus prenante. On découvre la passion amoureuse et destructrice qui lie Sophie et Nathan, les multiples frustrations que vit Stingo par rapport à sa sexualité inassouvie, mais aussi les confessions de Sophie sur son passé en Pologne.
C’est un roman qui emmène le lecteur dans un tourbillon de sentiments : on sourit devant les tribulations de Stingo dans sa vie amoureuse ; on reste un peu effrayé devant l’inertie de Sophie face à la violence des sentiments de Nathan. Je me suis bêtement dit : « c’est son choix après tout ». Mais quand les secrets les plus profonds sortent enfin du néant, tout s’explique. Je suis restée tétanisée, en larmes. J’ai enfin compris pourquoi ils se comportaient ainsi. J’ai eu honte d’avoir jugé Sophie et Nathan, mais vraiment honte ! La seule leçon que je peux tirer, c’est qu’on ne peut juger personne, car on ne sait pas quelles épreuves elle a affronté auparavant.  
Les personnages sont extrêmement bien construits, avec une analyse psychologique des plus fines et des plus intéressantes. Suivre Stingo, c’est entrer dans la jeunesse, le manque d’expérience et l’apprentissage de la vie. Suivre Nathan, c’est frôler les méandres de la folie. Suivre Sophie, c’est plonger dans un destin tragique et insoutenable, où l’ironie est cruelle, car elle n’est fautive que d’une peccadille qui la conduira en enfer. J’ai tremblé devant certaines scènes, devant cette horreur décrite sur les conditions de vie dans le camp d’Auschwitz. Voici d’ailleurs une citation qui m’a intensément émue.
« La déclaration la plus pertinente faite jusqu’à ce jour sur Auschwitz n’était pas une déclaration mais une réponse :
La question : « A Auschwitz, dis-moi, où était Dieu ? »
Et la réponse : « Où était l’homme ? »

Le style d’écriture est superbe, magnifique et dense. Il nécessite du temps et une vraie disponibilité d’esprit, car il vous dévore en entier et ne vous laisse pas indemne. Un roman EXCEPTIONNEL, INOUBLIABLE, MAGISTRAL à découvrir !

Seins et oeufs

Fiche identité

  • Titre du livre : Seins et oeufs 
  • Auteur : Mieko Kawakami
  • Nombre de pages : 112
  • Édition : Actes Sud
  • Année de publication : 2019

Résumé

La narratrice de ce roman accueille sa sœur Makiko et sa nièce Midoriko chez elle pour quelques jours. En effet, sa sœur n’a qu’une obsession : modifier ses seins grâce à la chirurgie esthétique. Sa nièce, quant à elle, ne parle plus et utilise un carnet pour communiquer avec ses proches.

Avis     

L’avantage de Babelio est d’ouvrir l’horizon de lecture pour découvrir de nouveaux auteurs et des ouvrages différents de ce qu’on aurait lu habituellement. C’est grâce à la liste d’Ellena Ferrante que j’ai tenté ce roman japonais. J’ai trouvé ce livre vraiment intéressant, car il évoque le rapport au corps selon l’âge.
Makiko est complexée par son corps et rêve d’avoir des seins plus volumineux : derrière cette obsession se cache la peur de la vieillesse, l’envie de retrouver son corps avant la grossesse et aussi un besoin de reconnaissance peut-être, qui s’explique par la précarité de sa situation sociale. Elle travaille dans un bar où on lui attribue les tâches les plus ingrates en plus de l’accueil du client et elle élève seule sa fille adolescente.
Quant à Midoriko, c’est le contraire. Elle vit mal le passage à l’adolescence avec tous les changements hormonaux et physiques qui en découlent. Son mutisme s’explique par les relations orageuses qu’elle entretient avec sa mère.
Ce roman japonais comprend quand même une part de mystère, liée à cette culture si originale. La scène la plus stupéfiante est celle des œufs, qui j’imagine, est une scène que je ne rencontrerai plus jamais ailleurs. Quelle est la signification de ce geste qui semble tellement ridicule à nos yeux d’Occidentaux ? Je reste encore perplexe donc si une bonne âme pouvait m’expliquer.
En tout cas, c’est une lecture originale que je vous recommande si vous voulez découvrir la littérature japonaise. Le thème est principalement féminin donc je ne sais pas s’il intéressera les hommes.