Le terroriste noir

Fiche identité

  • Titre du livre: Le terroriste noir
  • Auteur: Tierno Monénembo
  • Nombre de pages: 215
  • Édition: Points
  • Année de publication: 2012

Résumé

Cette histoire se déroule au cours de la Seconde guerre mondiale. Addi Bâ, un soldat guinéen, grièvement blessé, est secouru par les habitants de Romaincourt, un petit village des Vosges. Sa présence va changer le quotidien des habitants de ce hameau.

Avis    

C’est par l’intermédiaire d’un magazine lu dans un train que j’ai, pour la première fois, entendu parler de cet ouvrage. La curiosité aidant, je me suis dit que cela pourrait être une expérience intéressante et nouvelle, d’autant plus qu’aucun auteur guinéen n’est jamais entré dans ma liste de lecture.
Mais je reste très déçue malgré un thème intéressant. Je trouve que cette histoire a été très mal racontée : dès les premières lignes, je me suis sentie déboussolée par ce ton familier, un peu désordonné et ces paragraphes sans queue ni tête. Ce n’est qu’au fur et à mesure des pages que j’ai compris qu’il s’agissait des souvenirs d’une vieille dame de Romaincourt, un patelin perdu dans les Vosges : Addi Bâ, un soldat africain rescapé des batailles dans les Ardennes lors de la Seconde guerre mondiale, y trouve refuge et va apporter un changement au quotidien morose des villageois qui sont déjà fortement éprouvés par la guerre.
Mais les personnages et les situations décrites me semblent trop conventionnels et superficiels : la querelle qui oppose deux familles depuis plusieurs générations, la solidarité et l’amitié qui se noue autour d’Addi Bâ et qui par conséquent rapproche petit à petit les gens, son engagement exemplaire dans la Résistance, ses multiples conquêtes féminines etc. Je dirais même que certaines situations m’ont semblé complètement irréalistes mais bon, n’entrons pas dans la polémique !
Addi Bâ lui ne m’a pas paru attachant et je n’ai pas senti ce « fameux charme » que la narratrice s’est acharnée à décrire.
J’insiste encore sur la qualité médiocre du style d’écriture, qui a vraiment nuit à ma lecture. Je cite notamment le patois des Vosges disséminé ici et là, les paragraphes décousus, ces allusions qui révèlent en quelques mots en plein milieu du livre toute l’intrigue etc.
Bref, un gros flop pour moi : beaucoup de bruit pour rien dans les médias et à éviter si possible!

Une saison blanche et sèche

Fiche identité

  • Titre du livre: Une saison blanche et sèche
  • Auteur: André Brink
  • Nombre de pages: 404
  • Édition: Le livre de poche
  • Année de publication: 1979

Résumé

Cette histoire se déroule en Afrique du Sud au moment de l’apartheid. Ben du Toit est un homme sans histoire qui mène une vie bien rangée entre son métier de professeur d’histoire dans un lycée et sa vie de famille. Mais deux faits divers qui impliquent deux Noirs de son entourage viennent perturber son quotidien.

Avis    

Ce livre est un coup de cœur gigantesque : c’est le type d’ouvrage qui laisse une trace profonde dans la vie d’un lecteur et qui le pousse à remettre en question plusieurs aspects de l’ordre établi. Je m’excuse par avance si mon commentaire est long mais j’ai plusieurs choses à dire.
Deux incidents, qu’on pourrait même qualifier de faits divers à cette époque, viennent bouleverser la vie bien rangée de Ben du Toit. Il s’y intéresse, tout à fait par hasard, et parce qu’il ressent une certaine sympathie pour Gordon, qui a toujours bien effectué son travail de jardinier. Petit à petit, il est entraîné dans une situation inextricable, qui souvent le dépasse : comment expliquer la disparition subite du fils du jardinier dans les locaux de la police ? Et le décès de Gordon, son père, lorsque ce dernier se met à rechercher les causes de sa mort ? Ben du Toit veut savoir, mais cette recherche va surtout lui ouvrir les yeux sur la réalité du système politique et social dans lequel il vit quotidiennement, c’est à-dire une société où la couleur de la peau est un critère discriminant. Les citoyens noirs d’Afrique du Sud vivaient à cette époque dans des conditions déplorables, où la précarité la violence, l’insécurité et l’injustice étaient monnaie courante. La justice elle-même n’est qu’un simulacre et les méthodes de la police font froids dans le dos.
L’auteur évoque avec subtilité plusieurs autres sujets : la quête d’un homme épris de sens et de justice dans un pays où les lois ne lui permettent pas d’assouvir ce besoin, la liberté d’expression et d’opinion, qui se heurte avec l’ordre établi (et qui semble juste pour les autres), les pressions exercées par l’entourage, l’illusion et le combat pour un idéal.
Deux questions me sont venues à l’esprit lors de cette lecture :
– est-ce que se battre pour un idéal en vaut-il réellement la peine ? Ben du Toit s’y risque mais peut-on dire à la fin du livre qu’il y est arrivé ?
– qu’est-ce que la loi et la justice ? Comment peut-on estimer que les lois qui régissent un pays sont justes ? La plupart des Blancs considéraient cette situation comme normal et acceptaient de fait ce qui existait déjà. Nous, dans notre système politique, économique et social actuel, est-ce qu’il y a des choses que nous prenons pour acquis et pourtant qui sont totalement absurdes ? A quel moment faut-il remettre en question ce qui existe déjà ?
Le style de narration change fréquemment car il y a un mélange entre les fragments de journaux et les points de vue du narrateur. Mais, l’ensemble est parfaitement bien agencé, et il n’y a pas de brusque coupure.
Le ton est fluide, agréable, avec une richesse dans les mots, une profondeur dans chaque phrase qui a fait vibrer toutes mes cordes sensibles.
Que dire de plus à part à lire de toute urgence !!!