Les impatientes

Fiche identité

  • Titre du livre : Les impatientes 
  • Auteur : Djaïli Amadou Amal
  • Nombre de pages : 240
  • Édition : Emmanuelle Collas 
  • Année de publication : 2017

Résumé

Cette histoire est celle de trois femmes dont les destins sont liés : tandis que sa sœur Hindou est contrainte d’épouser un cousin proche, Ramla devient la seconde épouse du mari de Safira. 

Avis     

Ce livre m’a attiré, car son résumé évoque les conditions de vie des femmes, un sujet qui me tient particulièrement à cœur comme le savent les gens qui me suivent sur Babelio et mon blog. 
Ce récit à trois voix raconte le destin de trois femmes, toutes victimes du système traditionnel des mariages arrangés en Afrique subsaharienne.
Ramla, jeune fille de dix-sept, ans sera mariée sans son consentement à un homme de cinquante ans. Propulsée dans un nouvel univers, elle subira les mesquineries de Safira, la première épouse qui craint d’être répudiée. 
Le sort de sa sœur Hindou sera plus malheureux, car c’est un cousin proche, violent, alcoolique et drogué qui deviendra son bourreau. 
On découvre beaucoup de choses dans ce livre, notamment l’organisation sociale qui donne un rôle misérable aux femmes. Mariée de force, « vendues » par leur père ou tout autre membre masculin de la famille, afin de consolider leurs relations familiales, commerciales, amicales ou politiques, elles débarquent, jeunes et vulnérables, dans une nouvelle famille souvent très élargie. 
La polygamie fait partie des mœurs donc elles se partagent un mari, un foyer, des ressources financières. Les rivalités entre co-épouses sont nombreuses et se répercutent sur les enfants et alimentent le maintien de l’organisation sociale (ainsi que le commerce juteux des marabouts).  
La peur d’être répudiée, la promiscuité physique dans les lieux d’habitation, le manque d’éducation des femmes, l’absence de ressources financières pour ces dernières, la religion, la pression familiale et sociale donnent un climat assez malsain dans ces « concessions » et entretiennent l’existence de ce système, qui se reproduit de génération en génération. 
N’oublions pas les violences conjugales où les autres membres de la famille ferment adroitement les yeux et accusent la femme d’être la cause : pas assez docile, soumise et obéissante. 
Ce livre m’a donné envie de crier de rage et de me révolter devant tant d’injustices. Tellement de femmes restent encore opprimées dans ce système machiste et autoritaire. 
Le style d’écriture est doux, limpide et agréable. L’auteur sait trouver les mots justes pour décrire chaque récit de vie. C’est sobre mais criant de réalisme, comme si elle avait vécu de près ces horreurs. 
À lire de toute urgence ! À découvrir ! 
Women lives matter ! 

Photo de groupe autour du fleuve

Fiche identité

  • Titre du livre: Photo de groupe au bord du fleuve
  • Auteur: Emmanuel Dongala
  • Nombre de pages: 446
  • Édition: Actes Sud
  • Année de publication: 2010

Résumé

Cette histoire raconte le combat de femmes, casseuses de pierres sur un chantier. Lorsqu’elles apprennent que la construction d’un nouvel aéroport fait augmenter le prix du gravier, elles décident de vendre désormais leurs sacs à vingt mille francs l’unité au lieu des dix milles francs.  Mais ces revendications vont être réprimées et elles devront se battre pour asseoir leurs droits.

Avis     

C’est en déambulant au hasard sur quelques listes de lecture de Babelio que je suis tombé sur ce roman écrit par un auteur africain. Intriguée par le résumé et encouragée par les critiques élogieuses, me voilà lancé dans cette lecture.
Ce récit, au-delà, du combat que mènent ces quinze femmes pour obtenir un meilleur prix pour leurs sacs de pierre, reflète les conditions de vie des femmes africaines. Dans ce récit, la plupart sont des femmes seules – veuves, célibataires ou séparées de leur mari – qui luttent au quotidien pour subsister, pour nourrir tant bien que mal leurs enfants et payer les charges fixes du quotidien. La plupart de ces femmes ont vécues une mauvaise expérience avec un homme : l’infidélité, les violences conjugales, la belle-famille qui les a spolié de tous leurs biens au décès de ce dernier, la famille qui marie une enfant à un vieillard, le viol lors des guerres civiles etc.
Leur revendication est légitime mais comment lutter contre les forces de l’ordre, prêtes à réprimer coûte que coûte ces demandes ? Comment faire entendre sa voix lorsqu’on est une femme dans un pays qui ne les accorde que très peu de considération ? Comment lutter contre la corruption et la politique gangrénée, prête à tout pour sauvegarder les apparences à l’approche d’une réunion de chefs d’Etat ?
Ce livre est criant de vérité, d’autant plus que maintenant je vis dans un pays en voie de développement. La réalité est telle que la décrit l’auteur, sans entrer ni dans le pathétique ni dans l’exagération. Il dénonce la pauvreté, la misère, les hôpitaux laissés à l’abandon, les inégalités flagrantes de richesse et de conditions sociales, la corruption, les conditions des femmes etc.
Je n’ai pas mis le cinquième cœur car le style d’écriture est déroutant. L’auteur utilise la 2ème personne du singulier, ce qui crée une forte distance avec le lecteur : malgré le caractère courageux de l’héroïne, je n’ai pas pu m’attacher plus à elle et je l’impute au style employé. La fin est assez naïve quand même et laisse des zones d’ombre.
C’est un très bon ouvrage qui dénonce les problèmes de l’Afrique contemporaine !