L’ange d’Ayala

Fiche identité

  • Titre du livre : L’ange d’Ayala
  • Auteur : Anthony Trollope
  • Nombre de pages : 662
  • Édition : L’Herne
  • Année de publication : 1881

Résumé

Lucy et sa sœur Ayala deviennent orphelines après la mort de leur père. Démunies et sans aucune fortune, chacune est adoptée par un membre de leur famille proche.
Ayala est prise en charge par la famille Tringle, excessivement riche, tandis que Lucy est adoptée par son oncle Dosett, un modeste employé.

 Avis     

Ce roman, qui est un classique anglais, décrit avec humour le mariage au XIXème siècle. Cette situation était en effet le plus cher désir des jeunes demoiselles, bercées de romans d’amour, mais aussi celle de jeunes hommes sans le sou prêts à décrocher le jackpot, c’est-à-dire une riche héritière.
Plusieurs personnages d’une même famille vont intervenir dans ce roman, dont Ayala, la principale héroïne. Cette dernière m’a paru peu attachante : rêveuse et fantasque, elle prend parfois de sottes décisions et regrette amèrement son geste ensuite. À force de vivre dans le monde des songes, Ayala ressemble à une enfant fragile. Est-ce ce côté candide et ingénue qui entraîne tous ses prétendants à ses pieds ? Même si elle intervient peu dans le récit, j’ai préféré sa sœur Lucy.
L’auteur décrit avec beaucoup d’ironie et d’humour le matérialisme bourgeois de l’époque : les Tringle sont respectées car ils sont fortunés ; les prétendants accourent au pied de leurs filles non pas pour leur beauté ou leurs qualités, mais parce que le montant de la dot est exorbitant. Les enfants Tringle ont l’opinion bien tranché qu’à force de cajoleries et de caprices, ils pourront tirer de leur père tous les millions qu’ils souhaitent. Hélas, tout ne s’achète pas comme Tom le découvrira à ses dépens : fou amoureux de sa cousine, il s’imagine que sa fortune, son futur rang de baronnet ou une rivière de diamants convaincra cette orpheline sans le sou.
Le style d’écriture est riche, soutenu et plein d’ironie. Il y a des scènes qui sont très drôles notamment le dialogue entre M. Tringle et Frank Houston quand ce dernier demande la main de sa fille ; les altercations de M. Tringle avec son gendre qui est un redoutable pique-assiette. Il y a aussi beaucoup de digressions de l’auteur, car ce dernier ne peut pas s’empêcher de donner son avis et de s’immiscer dans le récit. J’ai noté aussi plusieurs longueurs et des répétitions, qui s’expliquent surtout par le fait que ce roman était à la base un feuilleton donc de temps en temps, il fallait rafraîchir la mémoire des lecteurs.
Pour conclure, je recommande surtout ce livre aux amoureux de la littérature victorienne !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : La cure de Framley – Le cousin HenryLe docteur ThorneLes tours de BarchesterMiss Mackenzie

Vaincue par la brousse

Fiche identité

  • Titre du livre : Vaincue par la brousse
  • Auteur : Doris Lessing
  • Nombre de pages : 317
  • Édition : J’ai lu
  • Année de publication : 1950

Résumé

Rhodésie, dans les années 1940. Mary Turner est retrouvée assassinée sur sa véranda. Un domestique noir est accusé du crime. L’auteur revient sur les faits qui ont entraîné ce geste fatal. 

 Avis     

Dès le début du livre, le lecteur connaît la fin, à savoir le décès de Mary Turner. Il n’y a donc pas de surprise, mais ce que l’auteur veut nous raconter, ce sont les événements qui ont conduit à ce drame.
Elle opère ainsi à un retour en arrière et se focalise sur les deux personnages principaux : Mary et Dick Turner.
Mary, secrétaire dans un bureau, mène une vie solitaire et indépendante. Restée seule célibataire parmi un groupe d’amis, elle s’engage sans grande conviction avec Dick Turner, un fermier qui peine à rendre son exploitation rentable.
Mary, qui ne s’attendait pas totalement à cette vie de solitude et de misère, sombre peu à peu dans une dépression nerveuse. Elle est aussi perturbée par la relation avec les Noirs, qu’auparavant elle n’a jamais fréquenté. L’auteur décrit avec brio la longue descente aux enfers de Mary : le personnage principal n’est pas attachant, mais on ressent avec un certain malaise les effets de cette maladie sur son caractère. Elle devient apathique puis ensuite s’enfonce dans un vide dans lequel elle peine à sortir.
Dick, lui, semble être un bon gars, mais il m’a fait de la peine : on sent dans les lignes son désespoir, d’abord à cause de l’échec de sa ferme, mais aussi l’échec de son mariage.
Le livre évoque aussi avec acuité le racisme et les barrières qui existaient entre les Blancs et les Noirs. L’auteur ne ménage pas ses mots, mais c’est ainsi que les Blancs voyaient les Noirs à cette époque : des esclaves, des animaux, de la main-d’œuvre bon marché que l’on peut rafler sur les routes, des créatures que l’on peut torturer, fouetter et mépriser à sa guise. L’idée même qu’une femme blanche pourrait avoir des relations intimes avec un homme noir soulevait une horreur sans nom, comme le montre la réaction de l’ensemble de la communauté.
Le style d’écriture est assez lourd, avec quelques longueurs. Ce livre m’a mis mal à l’aise : je me sentais oppressée, étouffée, comme si je vivais sous ce toit en tôle sous la chaleur du veld. Je l’ai terminé avec un grand soulagement et un irrésistible besoin de profiter de la vie à fond.

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : Le monde de BenVictoria et les Staveney