Partir

Fiche identité

  • Titre du livre: Partir
  • Auteur: Tahar Ben Jelloun
  • Nombre de pages: 225
  • Édition: Gallimard
  • Année de publication: 2006

Résumé

Azel est un marocain qui, comme la plupart des jeunes de son âge, rêve de traverser le détroit de Gibraltar pour aller vivre en Europe. Certains tentent l’aventure en traversant clandestinement mais ils sont à la merci des passeurs, des garde-côtes et meurent souvent noyés, comme ce fut le cas de son cousin Nourredine. Azel lui n’ose pas et il rumine son désespoir et son chagrin jusqu’à ce qu’il rencontre Miguel, un riche homosexuel espagnol qui le propose d’aller vivre avec lui en Espagne, sous réserve qu’il devienne son amant.

Avis    

Ce livre est une histoire dont le thème global est l’exil. Pourquoi partir ? Parce qu’on ne trouve pas de travail, parce que la société est corrompue, parce qu’en Europe l’herbe est (paraît-il!) meilleur. Autant de raisons qui poussent les gens à fuir la pauvreté, attirés par les mirages du monde occidental.
A quel prix partir ? Azel lui choisit de payer le prix fort et de renier sa sexualité. Le livre regorge de détails très écoeurants sur les  sévices et les  humiliations consentis par Azel. Il faut vraiment être très costaud pour ne pas sauter certains passages. Mais il n’est pas le seul : mariage-papier, jeune fille au pair… Tous les moyens sont bons pour partir.
Au mot exil est associé le mot nostalgie : mal du pays, souvenirs qui remontent, besoin d’un contact avec ces compatriotes pour se sentir près de chez soi. Azel et les siens vivront toutes ces émotions. Ce livre est l’histoire de toute une génération d’exilés, marocains ou non, qui cherchent une vie meilleure au-delà des frontières de leur pays.
Même si mon commentaire paraît élogieux, je garde un avis réservé sur cet ouvrage: je l’ai trouvé trop noir, trop sordide et trop lourd. C’est vrai qu’on ne peut pas prendre à la légère l’idée de l’exil, mais la lecture de cet ouvrage peut vraiment déprimer. D’ailleurs si des Marocains ont lu ce livre, j’aurai beaucoup aimé avoir leurs avis !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Le premier amour est toujours le dernier

Les sirènes de Bagdad

Fiche identité

  • Titre du livre: Les sirènes de Bagdad
  • Auteur:  Yasmina Khadra
  • Nombre de pages: 337
  • Édition: Julliard
  • Année de publication: 2006

Résumé

Cette histoire se déroule au Moyen-Orient. Le narrateur est un jeune bédouin Irakien qui mène une vie paisible à Kafr Karam, un village situé près du désert irakien, bien loin de la capitale déchirée par la guerre. La tranquillité règne dans ce village et on entend seulement les échos de la guerre par l’intermédiaire de la télévision. Mais cette sérénité va être troublée par l’arrivée de soldats américains qui commettent deux bavures : la mort « accidentel » d’un jeune attardé mental ainsi que le déshonneur du père du narrateur, condamné à être exposé nu devant ses propres enfants. Après ces deux évènements tragiques, ce jeune homme, aveuglé par la vengeance, décide de quitter son village pour aller à Bagdad. Il s’engagera petit à petit dans la lutte armée.

Avis    

L’auteur nous offre ici un très bon roman qui nous emmène vers un long voyage au Moyen-Orient. Il nous transporte dans l’atmosphère pesante et menaçante de Bagdad ainsi que dans une Beyrouth animée et dynamique. Il – c’est un homme qui se cache sous ce pseudonyme d’Yasmina Khadra – explore ici les raisons qui peuvent pousser un homme à s’engager dans le terrorisme. Sans verser dans la caricature, il nous décrit un monde plein de désillusions, de rêves brisés, de désespoirs et  d’humiliations. Le vivier qui alimente le terrorisme est profond et les gens, particulièrement les jeunes, se bousculent pour la vengeance, pour laver l’honneur…On découvre aussi le gouffre qui sépare l’Orient de l’Occident, et cette incompréhension mutuelle attise de plus en plus la haine et la colère entre les deux parties.
Ecrit à la première personne –  on ne saura jamais le nom de ce jeune homme de vingt ans – cette histoire est sa longue descente aux enfers. Engagé d’abord dans des petites attaques, il finira par être l’élément central d’une mission-suicide encore plus meurtrière que le 11 septembre. Paradoxalement, on comprend pourquoi il en est arrivé à ce point, et c’est ce qui rend cette histoire encore plus émouvante. D’ailleurs le message intrinsèquement véhiculé tout le long du livre est celui la tolérance. On oublie souvent que, derrière les informations banalisées entendues rapidement à la télévision ou à la radio, des gens souffrent et meurent réellement et que la solution à ce conflit n’a pas encore été trouvée.
Un livre que je recommande absolument !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog:  A quoi rêvent les loupsCe que le jour doit à la nuit – Dieu n’habite pas la Havane – Khalil – L’attentat – Les agneaux du seigneurLes hirondelles de Kaboul