Ce que le jour doit à la nuit

Fiche identité

  • Titre du livre: Ce que le jour doit à la nuit
  • Auteur:  Yasmina Khadra
  • Nombre de pages: 405
  • Édition: Julliard
  • Année de publication: 2008

Résumé

Cette histoire a lieu en Algérie entre les années 30 et 60. Après que le champ de son père soit ravagé par un incendie, Younès et sa famille migrent à Oran, dans un quartier très pauvre nommé Jenane Jato. Son père, conscient de sa pauvreté et de son incapacité à élever correctement son unique fils, décide de le confier à son frère, un riche pharmacien bien intégré à la communauté française.
C’est ainsi que Younès, partagera une adolescence idyllique en compagnies de jeunes colons. Mais cette existence paisible disparaîtra petit à petit, notamment à cause de la révolution algérienne.

Avis    

J’aime beaucoup cet auteur et quand j’ai vu traîner cet ouvrage presque neuf sur les étagères de la bibliothèque, je n’ai pas pu résister. C’est un livre qui est très différent des autres écrits de Yasmina Khadra: on retrouve moins la contestation des injustices et beaucoup plus des thèmes classiques comme  un amour impossible, l’amitié qui se rompra à cause des circonstances de la vie, les souvenirs d’enfance, la nostalgie d’une époque à jamais révolue…
L’auteur utilise un ton très poétique et très agréable pour décrire les paysages d’Oran et de Rio Salado, les états d’âmes de Younès, la vie paisible des colons à cette époque là, l’amitié qui liera les quatre garçons, l’amour violent que Younès aura pour Emilie…On est vite entraîné dans cet univers, et on s’imagine aisément  traîner sur une terrasse en buvant un jus de citron glacé tout en admirant les vignes. L’auteur met l’accent sur la vie des Français et ne développe pas beaucoup les conditions de vie difficile des Arabes. Néanmoins, on sait qu’ils seront exploités et battus par certains propriétaires, réduit à la misère et à la pauvreté dans la plupart des cas.
La psychologie du personnage principal est extrêmement bien faite: c’est un héros ordinaire, qui se bat avec ses propres contradictions, qui est partagé entre deux cultures qu’il aime profondément, qui fera des choix difficiles en espérant que c’est le meilleur. Malgré l’absurdité de son comportement et de ses décisions, je n’ai pas réussi à l’en vouloir ni à le détester. Peut-être parce qu’on aurait fait la même chose à sa place, peut-être parce qu’on préfère la place du milieu avec ses compromis et ces concessions plutôt que la violence et la haine.
Je ne mettrais pas la note maximum malgré ce commentaire élogieux car j’ai trouvé le livre un peu court. J’aurai aimé connaître sa vie d’adulte et son cheminement après la révolution de 1962.

Partir

Fiche identité

  • Titre du livre: Partir
  • Auteur: Tahar Ben Jelloun
  • Nombre de pages: 225
  • Édition: Gallimard
  • Année de publication: 2006

Résumé

Azel est un marocain qui, comme la plupart des jeunes de son âge, rêve de traverser le détroit de Gibraltar pour aller vivre en Europe. Certains tentent l’aventure en traversant clandestinement mais ils sont à la merci des passeurs, des garde-côtes et meurent souvent noyés, comme ce fut le cas de son cousin Nourredine. Azel lui n’ose pas et il rumine son désespoir et son chagrin jusqu’à ce qu’il rencontre Miguel, un riche homosexuel espagnol qui le propose d’aller vivre avec lui en Espagne, sous réserve qu’il devienne son amant.

Avis    

Ce livre est une histoire dont le thème global est l’exil. Pourquoi partir ? Parce qu’on ne trouve pas de travail, parce que la société est corrompue, parce qu’en Europe l’herbe est (paraît-il!) meilleur. Autant de raisons qui poussent les gens à fuir la pauvreté, attirés par les mirages du monde occidental.
A quel prix partir ? Azel lui choisit de payer le prix fort et de renier sa sexualité. Le livre regorge de détails très écoeurants sur les  sévices et les  humiliations consentis par Azel. Il faut vraiment être très costaud pour ne pas sauter certains passages. Mais il n’est pas le seul : mariage-papier, jeune fille au pair… Tous les moyens sont bons pour partir.
Au mot exil est associé le mot nostalgie : mal du pays, souvenirs qui remontent, besoin d’un contact avec ces compatriotes pour se sentir près de chez soi. Azel et les siens vivront toutes ces émotions. Ce livre est l’histoire de toute une génération d’exilés, marocains ou non, qui cherchent une vie meilleure au-delà des frontières de leur pays.
Même si mon commentaire paraît élogieux, je garde un avis réservé sur cet ouvrage: je l’ai trouvé trop noir, trop sordide et trop lourd. C’est vrai qu’on ne peut pas prendre à la légère l’idée de l’exil, mais la lecture de cet ouvrage peut vraiment déprimer. D’ailleurs si des Marocains ont lu ce livre, j’aurai beaucoup aimé avoir leurs avis !

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