Un crime sans importance

Fiche identité

  • Titre du livre : Un crime sans importance
  • Auteur : Irène Frain
  • Nombre de pages : 256
  • Édition : Seuil  
  • Année de publication : 2020

Résumé

Denise, la sœur aînée de l’auteur, est victime d’une violente agression chez elle. Elle succombera quelques semaines plus tard de ces blessures. Irène n’apprendra les faits que lors de l’enterrement, mais le silence que lui opposent sa famille, la police et la justice la poussent à écrire.

Avis     

Ce récit autobiographique est poignant. Il raconte la douleur d’une femme, confrontée au meurtre sauvage de sa sœur aînée. L’auteur raconte ici son propre désarroi face à l’inertie de la police et de la justice qui peine à faire avancer l’enquête. La mort de Denise ne serait-elle qu’un « cold case », un dossier classé sans suite sur une étagère. On comprend que l’auteur souhaite des réponses : qui, d’ailleurs, ne souhaiterait pas la même chose si une tragédie pareille le frappait ?
Irène Frain revient sur les faits, du moins le peu qu’elle obtient. Personne n’a rien remarqué ni entendu en ce samedi après-midi quand sa sœur s’est faite agressée. L’enquête piétine au sein du commissariat pendant des mois, à croire que le dossier est abandonné ou perdu. On sent la colère de l’auteur, sa frustration, ce deuil qu’elle ne peut entreprendre, car elle a besoin de réparer, de trouver le coupable pour que l’âme de sa sœur soit en paix.
Irène Frain revient aussi sur son passé, lui aussi lourd de secrets et de non-dits : ses origines modestes, sa naissance non désirée qui entraîne des relations conflictuelles avec sa mère, l’amour qu’elle aura pour sa grande sœur Denise, si douée et intelligente, idole des parents, les troubles psychiatriques de Denise quelques années plus tard, la rupture familiale.
Le style d’écriture est simple, sincère, plein de pudeur tout en sachant retranscrire avec brio les émotions et les sentiments qui animent l’auteur. Je comprends que ce livre est un exutoire, mais combien de gens vivent dans cette incertitude sans avoir ni les moyens financiers pour engager un avocat et accélérer une enquête ni une plume pour faire entendre sa colère ?
Merci à l’auteur pour ce témoignage. Je souhaite de tout cœur que la mort de Denise ne soit pas vaine, qu’elle ne soit pas oubliée et que la paix revienne dans l’existence des vivants et des morts.  

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : Les naufragés de l’île Tromelin

La conquête de Plassans

Fiche identité

  • Titre du livre : La conquête de Plassans
  • Auteur : Emile Zola
  • Nombre de pages : 508
  • Édition : Le livre de poche 
  • Année de publication : 1874

Résumé

François Mouret est marié à sa cousine Marthe. Le couple, avec leurs trois enfants, mène une existence paisible jusqu’à ce que ce dernier loue l’étage de leur domicile à un abbé.
Au début, François se méfie de cette homme aux vêtements rapiécés et aux manières farouches, qui suscite le mépris des autres habitants de la ville. Mais cet homme est bien décidé à asseoir son pouvoir au sein de la société de Plassans.

Avis
    
Dans ce quatrième tome des Rougon-Macquart, nous quittons Paris pour revenir à Plassans, ville où l’histoire familiale a débuté. 
Ce récit raconte le délitement d’une famille bourgeoise, avec en parallèle l’ascension d’un prêtre ambitieux. 
Marthe, la fille de Félicité, mariée à un cousin, mène une vie tranquille et monotone jusqu’à ce que son mari loue le second étage de leur maison à un prêtre. 
Ce dernier, d’abord méprisé par les bourgeois de la ville, souhaite reprendre sa revanche sur ces derniers. Petit à petit, il va habilement s’attirer leur estime grâce à des œuvres caritatives. Cet homme, manipulateur et dévoré d’ambition, a su trouver la faiblesse de la ville, toujours partagée politiquement entre les bonapartistes et les légitimistes. 
L’auteur met l’accent sur le fanatisme religieux, outil de manipulation redoutable. Marthe, qui héberge cet homme, devient sa proie : elle sombre dans la ferveur religieuse, confond passion humaine et divine et se consume à petit feu en plongeant dans le désastre son foyer. La personne la plus à plaindre reste Mouret, le mari, qui sera une des principales victimes des machinations des uns et des autres.
Ce livre décrit les relations sociales qui se nouent dans cette petite ville, les jeux de pouvoir et les ambitions de chacun. Il y a une abondance de personnages qui peuvent dérouter au début, mais au fur et à mesure de la lecture, on reconnaît bien vite cette bande de vautours hypocrites et sans scrupules. 
J’aime les écrits de Zola, car les sujets qu’ils abordent restent toujours d’actualité : la soif du pouvoir, le fanatisme religieux, les perfidies des uns et des autres. 
Moins descriptif que ces autres ouvrages, ce roman se lit bien. Le style d’écriture est riche, abondant, mais laisse plus de place à l’action et aux dialogues.
Un très bon classique que je recommande !