Une si longue lettre

Fiche identité

  • Titre du livre: Une si longue lettre
  • Auteur: Mariama Ba
  • Nombre de pages: 165
  • Édition: Le Serpent à Plumes
  • Année de publication: 1980

Résumé
L’histoire se déroule au Sénégal. A la mort de son mari, Ramatoulaye écrit une longue lettre à son amie Aïssatou pour lui conter une partie de ses malheurs.

Avis    

En prenant ce petit roman, je ne m’attendais pas à un livre d’une aussi grande qualité : le style d’écriture est riche et soutenu, les phrases poétiques, le rythme est à la fois dynamique et doux, l’utilisation de la langue française un vrai délice !
A travers cette lettre, Ramatoulaye revient sur ses souvenirs heureux mais nous partage également ses souffrances de femme africaine, ici de nationalité sénégalaise : la polygamie imposée par son mari,  la rapacité de sa belle-famille qui s’empare de tous ses biens durant le deuil, l’éducation de ses douze enfants qu’elle a dû assumer toute seule, les rites et traditions du pays…Mais elle n’est pas la seule, et son histoire est celui de bien d’autres femmes sénégalaises qui subissent la polygamie ou l’infidélité de leur mari : l’une choisit le divorce, l’autre sombre dans la dépression…
C’est un livre poignant où le personnage principal est très attachant. C’est une femme courageuse et digne qui ne mérite pas tout ce qui lui arrive. Cet ouvrage est aussi l’occasion de remettre en cause les rapports de force qui existent entre les hommes et femmes, les mœurs et traditions qui peuvent freiner le bonheur au sein de la famille, et donc de la nation. Je pense que si on respectait plus les femmes dans n’importe quel pays, africain ou pas, le monde se porterait mieux.
Pourquoi je n’ai pas mis le 5ème cœur ? C’était trop court ! J’aurai voulu prolonger cette lettre et quelle déception en voyant déjà la fin pointer le bout de son nez !
Un très bon livre que je vous recommande !

A quoi rêvent les loups

Fiche identité

  • Titre du livre: A quoi rêvent les loups
  • Auteur:  Yasmina Khadra
  • Nombre de pages: 274
  • Édition: Julliard
  • Année de publication: 1999

Résumé

Nafa Walid est un jeune algérien issu d’une famille modeste et qui rêve de devenir acteur. Grâce à un ami, il sera embauché comme chauffeur dans une famille riche mais un évènement terrible va bouleverser son existence.

Avis    

Après deux déceptions, j’ai préféré me tourner vers des auteurs qui m’ont rarement déçu. C’est pourquoi, je n’ai pas hésité à prendre cet ouvrage lorsque je l’ai aperçu à la bibliothèque.
Nous avons ici une histoire très réaliste et qui pourrait se passer non seulement en Algérie mais dans d’autres pays d’Afrique ou du Moyen-Orient. C’est la descente aux enfers d’un homme, confronté à la misère, aux inégalités de richesse frappantes dans un même pays et qui se tournera vers des valeurs religieuses capables d’apaiser sa colère et sa culpabilité.
On découvre beaucoup de choses dans cet ouvrage très court : les méthodes de recrutement du  Front islamique du salut (FIS), la guérilla féroce qui sévissait dans la campagne algérienne, le fanatisme musulman mais aussi le comportement méprisant des riches Algériens, les conditions de vie des femmes qui sont soient fanatiques ou avides de liberté et d’émancipation, le quotidien des pauvres qui subissent brimades, arnaques en tout genre.
Il y a beaucoup de scènes violentes dans cet ouvrage et il a souvent fallu que je pose un moment le livre avant de continuer la lecture.
Les sentiments qu’on peut avoir pour le personnage principal sont assez ambigus : d’un côté, il est attachant et on le plaint pour toute cette tragédie involontaire qui lui est tombé sur la tête et d’un autre on le blâme pour son enrôlement progressif dans la haine et la violence. Son attitude reflète l’impuissance et l’aveuglement de l’Etat face à la pauvreté de ses concitoyens qui seront happés par les tentacules de l’Islam radical.
Je n’ai pas mis le 5ème cœur car souvent l’auteur changeait de point de vue et ça me déroutait un peu. Puis, l’idée de commencer par la fin pour faire un retour en arrière m’a un peu peiné car on devine déjà implicitement une partie de l’histoire. Quoiqu’il en soit, c’est un chef-d’œuvre à lire pour se poser des questions sur les inégalités sociales et le fondamentalisme religieux qui mène à une violence aveugle.

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Ce que le jour doit à la nuitDieu n’habite pas la HavaneKhalil – L’attentat – Les agneaux du seigneurLes hirondelles de KaboulLes sirènes de Bagdad