L’étrange disparition d’Esme Lennox

Fiche identité

  • Titre du livre : L’étrange disparition d’Esme Lennox 
  • Auteur : Maggie O’Farrell
  • Nombre de pages : 240
  • Édition : 10 x 18
  • Année de publication : 2006

Résumé

Iris reçoit un courrier d’un établissement psychiatrique qui va fermer définitivement ses portes. La lettre mentionne la situation d’une certaine Euphemia Lennox qui serait une grande-tante. N’ayant jamais entendu parler de cette dame, Iris se rend sur les lieux pour la rencontrer.

Avis     

Avant de commencer ce livre, je vous conseille de lire le résumé sinon vous serez perdu. C’est en effet une histoire complexe mais passionnante qui se déroule sur deux époques différentes avec trois voix qui s’expriment.
Iris découvre l’existence d’une grande-tante, enfermée depuis près de soixante ans dans un établissement psychiatrique. Le lecteur découvre petit à petit la tragédie qui a conduit à cet enfermement presque éternel. Cette histoire m’a donné des sueurs froides. À cette époque, les conditions de vie des femmes se résumaient à peu de chose. Elles vivaient dans la précarité, soumises à la volonté de la famille, d’un père autoritaire ou d’un mari cruel. Du moment qu’elles ne respectaient pas les règles de bienséance et le carcan rigide dans lequel elles devaient rentrer, il était facile de les faire disparaître de la société en les envoyant dans un asile. Poursuivre des études, vouloir être indépendante ou même exprimer son opinion étaient signes de rébellion, de mauvais comportement.
Le sort d’Esme est d’autant plus triste, car elle a subi deux chocs psychologiques : la perte de son petit frère, mort du typhus en Inde et la tragédie du bal. Au lieu d’écouter son mal-être, sa famille refuse ses appels au secours et l’envoie illico presto aux oubliettes. Est-ce vraiment possible de rayer ainsi leur propre fille de leur existence ?
Cette histoire est juste magnifique, poignante avec une fin à couper le souffle. Au fur et à mesure que le puzzle s’assemble, je me suis doutée qu’il devait se passer quelque chose, mais l’auteur a dépassé toutes mes espérances.
Le style d’écriture est agréable, mais il faut parfois s’accrocher sur certains passages qui au premier abord paraissent décousus et qui sont en réalité des points clés de l’intrigue. Cette lecture est un puzzle à reconstruire petit à petit donc certains événements sont racontés pêle-mêle avant de prendre ensuite tout leur sens plus tard.
Pour conclure, je vous recommande vivement ce livre ! To be read !

L’exploitation

Fiche identité

  • Titre du livre : L’exploitation
  • Auteur : Jane Smiley
  • Nombre de pages : 608
  • Édition : Payot et Rivages
  • Année de publication : 1991

Résumé

Cette histoire se déroule dans les années 1970 dans l’Iowa. Larry Cook décide sur un coup de tête de léguer son exploitation agricole à ses trois filles. Tandis que la benjamine voit ce don d’un mauvais oeil, pour les deux aînées, cette décision est la bienvenue et symbolise une sorte de récompense pour toutes les années où elles ont pris soin de leur père. Mais l’équilibre de la famille vacille peu à peu depuis ce cadeau empoisonné. 

Avis     

Malgré ce titre un peu austère, ce livre décrit avec brio les tensions qui peuvent régner dans une famille. Comme cadeau empoisonné, il n’y a pas mieux que la décision de Larry Cook de léguer son exploitation agricole à ses enfants. Depuis ce funeste jour, leur famille s’est progressivement délitée pour ne plus rien laisser à part des cendres.
Chaque personnage est finement travaillé, ciselé jusqu’au bout. Leurs traits psychologiques sont si réalistes qu’on a l’impression de côtoyer de vraies personnes en lisant ce livre.
Il y a d’abord la figure du père, qui prend peu à peu forme au fur et à mesure qu’avance le récit. En plus d’être un homme autoritaire, exigeant et violent, on découvre aussi un vieillard qui perd la tête et qui provoque, par son attitude, des querelles violentes au niveau de la famille. Jusqu’au bout, je me suis posée la question sur cet homme : est-ce un grand manipulateur qui aime semer la zizanie ou bien a-t-il réellement perdu ses facultés mentales ? Vu ce qui s’est passé, je pencherai presque pour la première option.
À ses côtés coexistent trois filles dont l’une d’elles est la principale narratrice. Ginny, l’aînée, a des sentiments ambivalents : elle essaie d’être gentille, serviable et cherche à tout prix le consensus entre les membres de la famille. Pourtant, elle est rongée par la jalousie et l’envie tout en justifiant ses faits et gestes par les actions de sa cadette. Rose, la cadette, est plus impulsive, agressive et dure. Quant à Caroline, elle intervient peu, mais est un noeud principal du conflit.
Lorsque les secrets sortent enfin de leurs tombes, j’ai eu beaucoup de peine pour les deux aînées. Quand les masques tombent, que reste-t-il ? Est-il possible de pardonner l’impardonnable, d’effacer les torts et d’aller de l’avant ?
Le style d’écriture est agréable, doux mais aussi vif et lucide. J’ai beaucoup aimé la manière dont l’auteur nous emmène dans les méandres de ce drame familial. Elle sait décrire avec brio les sentiments humains, la pression sociale, le silence oppressant et la chute des idéaux.
C’est un très bon livre qui mérite vraiment le détour !