Le maître des illusions

Fiche identité

  • Titre du livre: Le maître des illusions
  • Auteur: Donna Tartt
  • Nombre de pages: 789
  • Édition: Pocket
  • Année de publication: 1992

Résumé

Richard Papen décroche une bourse pour l’université de Hampden, dans le Vermont. Il laisse peu de choses derrière lui : une adolescence morose et terne ; des parents avec qui il ne s’entend pas. Arrivé là-bas, il est intrigué par Julien, un professeur de lettres classiques excentrique, qui n’enseigne qu’à cinq élèves. Richard parvient à s’introduire dans ce groupe restreint. Mais…

Avis     

J’ai pris une terrible claque à la fin de ce livre. Il m’a tellement secoué que j’ai mis du temps à m’en remettre. Je peux vous dire une chose : j’ai adoré cette histoire !
Richard arrive à intégrer un cours élitiste de lettres classiques où ne sont admis que cinq étudiants. Ces derniers restent entre eux et n’ont quasiment aucun contact avec les autres étudiants de la faculté de Hampden. Petit à petit, Richard soupçonne qu’ils cachent un secret. Quand il le découvrira, il sera pris dans un engrenage infernal.
Dès le début du livre, on sait ce qui va se passer donc ce n’est pas un roman policier.
L’auteur nous plonge dans une atmosphère remplie de suspicion, de mensonges, d’égoïsme et de non-dits. Elle distille un suspense insoutenable car le lecteur a envie de comprendre ce qui a entraîné cet événement et ensuite ses conséquences. 
Lorsqu’on observe le contexte, je me dis que les personnages ne pouvaient pas réagir autrement, vu leur passé : riches et nantis depuis leur naissance, ces jeunes ont vécu dans un monde où les règles s’appliquaient pour le reste du monde sauf eux. Leur vie n’est que la recherche de plaisirs et de nouvelles expériences, loin des contingences du monde réel. J’étais fascinée par leur vie et j’ai ressenti, malgré moi, beaucoup d’empathie pour ces personnages ni blancs ni noirs, juste dans cette zone grise où tout le monde pourrait être si l’opportunité se présentait. Malgré leur cruauté, leur égoïsme et leur absence totale de remords, ils sont tellement bien construits que c’est impossible de ne pas ressentir quelque chose pour eux.
La seconde partie du livre nous décrit la lente descente aux enfers de ce groupe, uni par un secret fatal. Cette seconde partie est juste un régal car il nous montre la fragilité de chacun des personnages et le poids des secrets sur la conscience de chacun d’eux : l’alcoolisme, la fuite en avant ou la maladie ne sont que des symptômes de ce mal-être qui les ronge.
Le style d’écriture est fluide, agréable, avec ce léger soupçon de suspense qui fait tourner chaque page avec fébrilité. Les personnages sont magnifiquement décrits, parfaitement ciselés et, j’ose le dire, attachants. Quelle maîtrise ! Quel art ! La fin est juste spectaculaire. Honnêtement, je ne m’y attendais pas ! Waouh !!!

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Le petit copain 

Une vie comme les autres

Fiche identité

  • Titre du livre: Une vie comme les autres 
  • Auteur: Hanya Yanagihara
  • Nombre de pages: 816
  • Édition: Buchet-Castel
  • Année de publication: 2015

Résumé

Cette histoire se déroule aux Etats-Unis, principalement à New-York, et décrit, sur une longue période, le parcours et l’amitié de quatre étudiants : JB, Willem, Malcolm et Jude.

Avis     

J’ai mis du temps à écrire ce commentaire car il m’a fallu digérer ce gros pavé ainsi que toutes les émotions que j’ai vécues durant cette lecture. Ce n’est pas un livre facile, loin de là, donc si vous vous sentez l’âme fragile, je vous conseille de l’éviter. J’ai entendu des avis excellents comme des sévères critiques, mais rien n’est mieux que de se faire sa propre idée.
Ce livre traite de beaucoup de sujets : le délitement de l’amitié au fur et à mesure que les années passent ; le poids du passé et les conséquences qu’ils ont dans le présent et dans le futur ; la violence physique et la pédophilie ; l’homosexualité, l’amour parental, le suicide, etc.
C’est dense, dur, intense, mais en même temps, il permet aux lecteurs de se poser plein de questions : peut-on s’en sortir lorsqu’on a vécu des choses atroces durant son enfance (viol, abandon, etc..) ? Qu’est-ce que l’amitié et peut-elle subsister lorsque les chemins de vie des uns et des autres se sont progressivement éloignés ?
Plutôt que de faire un récit linéaire qui aurait pu vite s’avérer fastidieux, l’auteur fait de magnifiques allers-retours entre le passé et le présent. Petit à petit, on découvre les secrets de Jude. Plutôt que de juger son attitude froide et réservée, on comprend peu à peu ses réactions à la lumière de ce qu’il a vécu. Quelle claque ! Une vie comme les autres, c’est le rêve de Jude : avoir une famille, des amis, être regardé comme un être humain normal et non comme une créature difforme et boiteuse. Jude est le reflet de nos peurs comme la peur du rejet, de l’humiliation, de l’abandon. La seule réponse adéquate à mes yeux reste celle de Willem et des parents adoptifs de Jude : l’amour inconditionnel.
Je me suis tellement attachée à tous ces personnages. À chaque fois que je lisais ce livre, j’avais l’impression d’être téléportée à New-York et de suivre des amis de longue date. La fin m’a arraché le cœur, car même si je m’attendais à un certain dénouement, je n’aurais pas imaginé que le décès d’un personnage m’affecterait autant.
Le style d’écriture est magnifique, riche, agréable, avec de belles descriptions qui alternent avec les dialogues. Néanmoins, je reste sur 4 cœurs car certains passages restent éprouvants.