Vox

Fiche identité

  • Titre du livre : Vox
  • Auteur : Christina Dalcher
  • Nombre de pages : 448
  • Édition : Pocket
  • Année de publication : 2018

Résumé

Cette histoire se déroule aux Etats-Unis. Un groupe extrémiste devient le principal pouvoir politique et instaure une nouvelle règle : désormais, les femmes restent au foyer et n’ont droit qu’à cent mots par jour. Un bracelet électronique est là pour surveiller chaque parole. Jean McClellan, chercheuse en neurosciences, se retrouve du jour au lendemain dans cette nouvelle situation. Mais quand le frère du président fait un grave accident, le gouvernement lui demande de l’aide avec pour récompense de libérer sa fille et elle du quota de mots. 

Avis     

C’est grâce à des lecteurs enthousiastes que j’ai découvert ce nouvel auteur. J’ai beaucoup aimé cette histoire qui est un mélange de dystopie et de thriller.
Ce livre m’a interpellé, car il souligne l’importance du langage dans notre société. Que se passe-t-il quand du jour au lendemain, seulement cent mots sont octroyés aux femmes ? Quand les petites filles sont formatées dès leur plus jeune âge pour garder le silence ? Quand l’Etat focalise exclusivement leur éducation sur l’arithmétique, la couture et la cuisine ? Quand le rôle des femmes se limite à rester au foyer ?
Avec l’arrivée d’un groupe fondamentaliste, les femmes ont perdu leurs droits : le droit de s’exprimer, le droit de travailler, le droit d’être homosexuelle, le droit de lire, le droit de défendre leurs acquis, le droit de posséder un bien, le droit de se déplacer sans l’autorisation d’un homme, le droit de socialiser… 100 mots par jour : c’est la limite à ne pas dépasser sinon une décharge électrique de plus en plus violente les frappe.
Ce livre m’a donné froid dans le dos, car ce dispositif pourrait exister un jour. Comment ? Un jour où on est trop occupé à ne pas défendre nos droits. Un jour où on est resté dans notre zone de confort. Un jour où la paresse a pris le pas. Un jour où on a décidé de ne pas aller voter. Un jour où les manuels scolaires changent et formatent insidieusement vos enfants. Même si ce livre est principalement axé sur la condition des femmes, il fait réfléchir le lecteur sur tous les droits acquis qui pourraient être bafouées si des « fous » arrivent au pouvoir.
C’est dans ce décor cauchemardesque que le lecteur est plongé. Il va suivre les péripéties de Jean qui doit développer un sérum pour soigner le frère du président, victime d’un accident. C’est totalement addictif, car chaque page nous offre un lot de suspens et d’actions. En plus, le style d’écriture est fluide, agréable et léger. On a qu’une envie : tourner la page pour découvrir la suite !
J’ai juste un bémol : la fin est bâclée. J’aurais aimé que le lecteur développe certains points, mais il reste des zones d’ombres, ce qui donne une impression d’inachevée. C’est vraiment dommage d’avoir ce dénouement brouillon face à l’envergure du début de livre.
Quoiqu’il en soit, je mets quand même une bonne note, car l’ensemble est vraiment bien !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : QI

Les abeilles grises

Fiche identité

  • Titre du livre : Les abeilles grises 
  • Auteur : Andreï Kourkov
  • Nombre de pages : 432
  • Édition : Liana Lévi
  • Année de publication : 2020

Résumé

Il ne reste que Sergueï et Pachka dans le petit village de Mala Starogradivka, situé dans la zone grise de l’Ukraine. Bien que les deux hommes ne s’entendent pas bien, ils essaient de coopérer pour survivre dans des conditions de vie rudimentaires, rythmées par le bruit de tirs et des obus qui tombent.
Sergueï, passionné d’apiculture, décide de quitter quelques mois le village pour emmener ses abeilles butiner sur des terres plus calmes. 

Avis     

C’est grâce au site Babelio que j’ai découvert cet ouvrage qui évoque plusieurs thèmes liés au conflit entre l’Ukraine et la Russie. C’est une histoire qui est paradoxalement dure et douce à la fois.
Ce récit est dur, car le lecteur est confronté aux conditions de vie extrêmement difficiles dans la zone grise, devenu un no man’s land où ne survivent que deux hommes, Sergueï et Pachka. Leur quotidien est composé de peu de choses : l’absence d’électricité, les tirs d’obus en bruit de fond continu, le chauffage au charbon, la nourriture quotidienne conditionnée dans des boîtes de conserve, la solitude comblée par les bouteilles de vodka ou la visite impromptue de quelques soldats du front. Le plus dur est l’incertitude sur le lendemain, ou les minutes qui suivent quand les bombardements se rapprochent de leur bourg.
Le lecteur découvre également l’animosité qui règne entre les Tatars et les Slaves, la méfiance grandissante entre Ukrainiens selon qu’ils viennent de l’un ou de l’autre côté de la frontière.
Mais c’est une histoire douce, plein d’empathie et de bienveillance. Sergueï, grâce à sa passion de l’apiculture possède une humanité, une philosophie et une douceur hors du commun. Lors de son périple, il rencontre la plupart du temps des gens incroyables, généreux et plein de bon cœur.
C’est un homme solitaire mais doux, bon et attachant. Il ne veut ni déranger ni être encombrant, mais quand les gens ont besoin d’aide, il est là pour eux à sa manière.
Le style d’écriture est agréable, poétique, plein de mélancolie et de contemplation. Les descriptions de la nature sont magnifiques et apportent de la paix. Je terminerai par ces deux mots issus du livre qui m’ont marqué : « Vivant ? ». « Vivant ».