Soufi, mon amour

Fiche identité

  • Titre du livre : Soufi, mon amour 
  • Auteur : Elif Shafak 
  • Nombre de pages : 480
  • Édition : 10 x 18
  • Année de publication : 2009

Résumé

Ella Rubinstein est une femme au foyer malheureuse quand elle décide de reprendre une activité professionnelle pour meubler ses journées. Sa première mission consiste à rédiger une note sur un manuscrit intitulé « Doux blasphème ». Mais elle ne se doute pas que ce roman va l’emmener dans une direction inattendue.

Avis     

Grâce à la belle couverture colorée ainsi que des éloges entendus ici et là, j’ai décidé de lire ce roman. Cette histoire se déroule sur deux époques et raconte le destin croisé de quatre personnages : celle d’Ella et d’Aziz, deux personnes qui se rencontrent grâce à un manuscrit ; celle de Shams de Tabriz et de Rumi, deux âmes sœurs qui se retrouvent.
Le lecteur alterne les époques et les pays : autant, c’était intéressant de suivre l’évolution de l’amitié entre Shams et Rumi, autant, j’ai moins accroché sur celle concernant Ella et Aziz. J’ai trouvé cette partie prévisible, convenue et stéréotypée.
Ce livre a un ton très spirituel, car il évoque la doctrine soufie, une branche de l’islam qui est assez contestée. Chaque événement vécu par Shams de Tabriz est une occasion pour lui de nous partager une leçon de vie sur Dieu, sur l’amour inconditionnel, sur l’importance du moment présent ou sur le sens de la vie. Au lieu d’énoncer des vérités toutes faites, l’auteur sait toucher le lecteur dans son humanité. Plus que des règles de l’islam, ce sont des règles universelles que Shams de Tabriz nous partage à travers des paraboles ou des citations. Je ne sais pas dans quelle mesure cette fiction reflète la vision soufie, mais j’ai aimé cette approche de tolérance, de douceur et d’amour.
Le style d’écriture est agréable, fluide à lire. J’ai adoré l’ambiance colorée de l’Orient au XIIIème siècle. On se croirait dans un conte des Mille et une nuits.
Pour conclure, c’est un livre intéressant avec de belles histoires et une morale qui permet de réfléchir.
Je vous laisse sur cette belle citation : « Une vie sans amour ne compte pas. Ne vous demandez pas quel genre d’amour vous devriez rechercher, spirituel ou matériel, divin ou terrestre, oriental ou occidental…Les divisions ne conduisent qu’à plus de divisions. L’amour n’a pas d’étiquettes, pas de définitions. Il est ce qu’il est, pur et simple ».

On m’appelle Demon Copperhead

Fiche identité

  • Titre du livre : On m’appelle Demon Copperhead 
  • Auteur : Barbara Kingsolver 
  • Nombre de pages : 624
  • Édition : Albin Michel
  • Année de publication : 2022

Résumé

Né à même le sol d’un mobil-home, au fin fond des Appalaches, Demon vit seul avec sa mère, une jeune toxicomane, qui essaie de l’élever tant bien que mal.

Avis     

C’est le second livre que je lis de cet auteur, mais encore une fois, elle m’a mis une terrible claque. Cette histoire reprend la trame de David Copperfield, mais transposé à notre époque contemporaine, dans un milieu défavorisé quelque part au milieu des Appalaches.
Nous allons suivre les tribulations de Demon Copperhead qui vit seul avec sa mère toxicomane. Leur quotidien marchait cahin-caha jusqu’à l’arrivée de son beau-père qui vient bouleverser toute son existence. Enfant battu, orphelin à cause d’une overdose de sa mère, envoyé dans des familles d’accueil qui l’exploitent, fugueur, il finit par retrouver un membre de sa famille qui accepte de l’aider. Au moment où le lecteur espère que Demon s’en sort enfin, le sort s’acharne de nouveau sur lui à cause de sa dépendance aux médicaments après un accident de football au genou.  
Cette histoire est écrite à la première personne, dans un langage familier. Grâce à ce procédé, on s’attache très vite au personnage principal. Malgré toutes les épreuves qu’il vit, Demon conserve cette once de résilience et de courage.
Tout dans cette histoire est poignant. La misère engendre la misère, sans parfois aucun signe de rédemption ou d’espoir. L’auteur dénonce la pauvreté qui gangrène les zones rurales et délaissées des Appalaches ; l’échec des placements familiaux à cause de l’exploitation illégale des enfants par les familles d’accueil ; le business fructueux des industries pharmaceutiques qui encourageaient les médecins à prescrire des opiacées qui rendaient les patients dépendants ; l’absence de perspectives d’emploi et d’avenir dans la région qui devient un cercle infernal et infini de chômage de générations en générations ; l’addiction à la drogue et ses ravages.
Ce roman est sombre, dur, mais avec quelques gouttes d’espoir. Quand on naît au mauvais endroit au mauvais moment, les dés sont pipés avant même de jouer. Ce livre nous pousse dans le non-jugement, dans la compréhension et dans l’empathie, dans la lutte pour l’injustice. On ne peut pas changer le destin de tout le monde, mais on peut aider à notre petite échelle et faire une différence par notre générosité.
Je suis sortie bouleversée de ce roman. Non seulement le style d’écriture est magnifique, doux et léger, mais en plus, il irradie d’une force et d’une énergie incroyable. Je vous dis, j’ai pris une claque, un uppercut ! À la dernière page, je quittais une famille, des amis de longue date. Demon, Angus, Mrs Peggot, Miss Annie, Tommy vous allez tellement me manquer !
Un grand merci à l’auteur pour ce chef-d’œuvre !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : Les yeux dans les arbres