L’immeuble Yacoubian

Fiche identité

  • Titre du livre: L’immeuble Yacoubian
  • Auteur: Alaa El Aswany
  • Nombre de pages: 324
  • Édition: Actes Sud
  • Année de publication: 2002

Résumé

Cette histoire se déroule en Egypte, au début du XXIème siècle. L’immeuble Yacoubian, autrefois une célèbre résidence de luxe, abrite désormais toutes les couches de la population égyptienne, issue des multiples changements politiques.

Avis    

Ce livre est une petite pépite que j’ai dénichée en lisant des commentaires élogieux dessus sur la blogosphère. Ce fut une bouffée d’air frais après mes multiples déceptions.
L’auteur nous dessine le portrait de quelques habitants de l’immeuble Yacoubian : Taha le fils du concierge qui rêve de devenir officier de police ; Zaki, le vieil aristocrate célibataire et grand séducteur ; Hatem le journaliste homosexuel ; Azzam l’homme d’affaires véreux qui souhaite entrer dans la politique, Abaskharoun et son frère Malak qui font des filouteries ici et là ; Boussaïna Sayed, une jeune fille de condition modeste qui tente de s’en sortir par son travail mais qui subit un harcèlement sexuel de la part de ces patrons.
Il nous entraîne d’un personnage à l’autre, et au moment où le suspens est à son comble, il interrompt l’histoire pour basculer sur une autre pour le reprendre plus loin. Ce sont des récits de vie tristes, révoltants mais qui reflètent le quotidien des gens non seulement en Egypte mais dans tout pays où règnent l’ignorance, les inégalités sociales, la corruption et la dictature politique. L’auteur jette un regard lucide et réaliste et sur la société égyptienne : la montée de l’islamisme surtout chez les jeunes, la paupérisation de la capitale, les magouilles politiques, l’homosexualité, les violences policières, le chômage, le statut des femmes qui sont soient harcelés par des hommes dans leur lieu de travail, soient contraintes de devenir la maîtresse d’un homme riche pour pouvoir mettre des sous de côté, soient femme de martyr djihadiste.
On sent parfois sa nostalgie lorsqu’il évoque la période où l’Egypte ressemblait à l’Europe jusqu’à l’arrivée de Nasser.
Le style d’écriture est agréable, plein de charme et de belles descriptions. Les évènements s’enchaînent avec fluidité. Seuls les longues sourates et discours des imams et cheikhs m’ont paru un peu longs.
Un livre que je recommande vivement !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Automobile club d’Egypte  – Chroniques de la révolution égyptienne

Ainsi résonne l’écho infini des montagnes

Fiche identité

  • Titre du livre: Ainsi résonne l’écho infini des montagnes
  • Auteur:  Khaled Hosseini
  • Nombre de pages: 484
  • Édition: Belfond
  • Année de publication: 2012

Résumé

Cette histoire commence en Afghanistan, dans le village de Shadbagh dans les années 1950. Abdullah et Pari, un frère et une soeur très attachés l’un à l’autre, sont brutalement séparés. Mais..

Avis    

Après quelques années d’attente, Khaled Hosseini nous offre ici un roman splendide qui laisse un souvenir très émouvant. Je pensais que l’auteur allait utiliser les mêmes recettes que dans Les cerfs-volants de Kaboul ou Mille soleils splendides mais il a su me surprendre agréablement en basculant dans un style plus différent et plus subtil. 
Chaque chapitre raconte l’histoire d’un personnage. Chacun d’entre eux est lié aux autres, soit par un lien de parenté ou de voisinage, ou parce qu’ils se sont rencontrés dans un endroit. Il s’agit en quelque sorte d’une toile d’araignée où des parcelles de vie se croisent. Il y a beaucoup de personnages dont voici quelques-uns: Abdullah, sa soeur Pari, Parwana et Masooma les deux soeurs jumelles; la famille Wahdati; l’oncle Nabi; Iqbal et son fils; le docteur Markos et Thalia;  Timur et Idris les deux cousins. 
L’auteur revient dans le passé des personnages pour expliquer leurs faits et gestes, pour qu’on puisse mieux les comprendre et nous raconte les tragédies personnelles qui ont affecté leurs vies : une séparation brutale, un handicap, la pauvreté, la maladie, la guerre, l’exil, la vieillesse ou aussi la lâcheté.
En fait, le plus touchant dans cette histoire est que l’auteur nous montre à quel point il est difficile de juger les décisions et les choix de quelqu’un. Par exemple, vaut-il mieux comme Nabi fuir l’handicap de sa soeur ou bien sacrifier sa vie comme Pari pour soigner ses parents vieillissants? D’autres thèmes sont également évoqués: l’amour des parents envers leurs enfants, le besoin de connaître ses racines et ses origines ou l’exil. Il fait aussi allusion au statut de l’Afghanistan, déchiré par les guerres et gouverné par les narco-trafiquants et les talibans, la ville de Kaboul marquée par l’insécurité et la flambée de l’immobilier depuis l’installation des groupes humanitaires, l’expropriation des terres lorsque certains afghans sont partis se réfugier au Pakistan…
Le style d’écriture est limpide, simple, fluide et remplie de poésie et de douceur. L’auteur a un vrai talent de conteur et sait manier avec brio les différents styles (narrations à la 1ère personne, conte persan, extrait de journaux, récit à la 3ème personne…). 
La fin est sublime, terrible, tellement réaliste et humaine. Oui, la vie n’est pas un conte de fées : elle est triste, plutôt douce-amère. Un livre que je vous recommande vivement !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog:  Les cerfs-volants de Kaboul – Mille soleils splendides