La trilogie des jumeaux

Fiche identité

  • Titre du livre: La trilogie des jumeaux
  • Auteur: Agota Kristof
  • Nombre de pages: 576
  • Édition: Points
  • Année de publication: 1986

Résumé

Cette trilogie raconte la vie de Lucas et Klaus, deux jumeaux qui vivent dans un pays en guerre qui sera ensuite sous domination étrangère. Ces derniers vont apprendre à se débrouiller seuls dans un milieu hostile. Nous allons les suivre depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. 

Avis    

Si vous cherchez une lecture qui procure du challenge, qui vous secoue et vous met le doute jusqu’au bout et bien après, cette trilogie est faite pour vous.
Pour ma part, cette œuvre de fiction m’a poussée au plus profond de mon expérience de lecteur: quelle est la part du mensonge, du fantasme et du « réel » dans  ce récit (tout en gardant en tête que l’ensemble est une fiction) ? L’auteur joue sur ce tableau pour distiller le doute, change de point de vue à chaque tome pour mieux nous déstabiliser.
Lucas et Klaus ne sont-ils au fond qu’un seul et même personnage, l’un pile, l’autre face ?
J’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire notamment le premier tome, écrit à la première personne du pluriel. C’est le plus poignant, avec certains passages qui font trembler tellement ils sont empreints de violence.
J’ai creusé un long moment avant de vous présenter mon interprétation du récit : le troisième tome est la clé de voûte de cette trilogie. Face à la solitude, l’écriture est l’échappatoire, qu’importe si c’est vrai ou faux. C’est le baume qui soulage, c’est le frère parfait qu’on a et qui partage nos soucis, c’est le rêve qui éloigne la triste réalité ou bien l’inverse!
Mes propos semblent nébuleux mais cette trilogie ne laisse personne indifférente.
Le style d’écriture est concis, précis, froid et incisif. Moi qui d’habitude aime les tons lyriques et plein de sentiments, j’ai beaucoup apprécié ce ton minimaliste et pudique, qui en dit pourtant long. J’étais littéralement accrochée à ces trois romans, même si le second tome m’a paru un peu plus long et moins intéressant.
Que dire de plus à part que je vous recommande ce chef-d’œuvre ! 

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La porte

Fiche identité

  • Titre du livre: La porte
  • Auteur: Magda Szabo
  • Nombre de pages: 352
  • Édition: Le livre de poche
  • Année de publication: 1987

Résumé

Lorsqu’elle emménage dans son appartement, la narratrice recherche une femme de ménage. Une de ses amies lui indique la concierge de l’immeuble voisin, Emerence, qui finira par travailler pour elle pendant plusieurs années. Une amitié assez étrange va se nouer entre les deux femmes. 

 Avis     

Je remercie chaleureusement un de mes collègues qui m’a recommandé cet ouvrage. Ce fut une belle découverte de la littérature hongroise !
Assez sceptique au début, j’étais embarquée petit à petit dans cette histoire, poussée par la curiosité de savoir où l’auteur oserait m’emmener ! Quelle surprise inattendue !
Tout commence par l’amitié improbable entre un écrivain et sa femme de ménage nommée Emerence. Cette dernière est la clé de voûte de ce roman : c’est une femme entière, exigeante, qui fait la pluie et le beau temps au sein de son entourage. Farouchement secrète au point de ne laisser personne franchir le seuil de sa maison, elle affiche comme sentiment envers les autres un mélange d’indépendance et de générosité assez désarçonnant. Une simple relation de travail se transforme ainsi en un maelström de malentendus, de ressentiments, de jeux de pouvoir et de concessions. Personnellement je n’aurai pas pu m’entendre avec elle que je juge trop envahissante dans sa manière d’être.
Sans dévoiler l’intrigue, je pense que le pilier de ce récit est la dignité humaine, échelle de valeurs qui diffère selon chaque individu. Ce livre est un message de tolérance où il faut apprendre à regarder sous un œil autre que le sien. C’est un exercice difficile d’aider quelqu’un sans que nos valeurs empiètent sur les siennes, sans l’humilier et sans lui ôter son libre arbitre. Le dicton « l’enfer est pavé de bonnes intentions » prend ici tout son sens.
Le style d’écriture est sobre mais fluide. On entre doucement dans cette ambiance de quartier de Budapest et dans l’intimité de ce couple d’intellectuels. Les personnages sont finement travaillés. De ce que j’ai compris ce récit a des accents autobiographiques.
Bien que les premiers pages dévoilent le dénouement, j’étais touchée par cette fin magistrale.
Pour conclure, je vous recommande de découvrir ce petit bijou hongrois émouvant!

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