La plaisanterie

Fiche identité

  • Titre du livre: La plaisanterie
  • Auteur: Milan Kundera
  • Nombre de pages: 480
  • Édition: Gallimard
  • Année de publication: 1967

Résumé

Cette histoire se déroule en Tchécoslovaquie vers les années 50. Par plaisanterie, Ludvik envoie une carte postale dans laquelle il écrit des propos ironiques sur le parti. Mais cette boutade lui coûtera cher.

Avis    

Ce deuxième roman de Kundera m’a mis mal à l’aise, sans que je puisse vous expliquer réellement pourquoi.
Il s’agit peut-être de l’ambiance générale du livre, où soufflent les désillusions, les rêves perdus et la triste réalité. La bêtise de Ludvik va faire basculer son quotidien : exclu du parti communiste et de l’université, il est envoyé comme travailleur dans les mines. Pétri de haine et colère, une occasion inespérée de vengeance se présente à lui. Mais encore une fois, ce qu’il croyait possible finit par s’effondrer.
Les personnages principaux sont complexes mais extrêmement bien travaillés par l’auteur : il a su nous restituer toute la palette d’émotions et de sentiments qui animent un être humain victime de l’écroulement de ces rêves, projets et croyances. Ludvik est rongé par la colère, la haine et l’humiliation mais une partie de son attitude m’a semblé incompréhensible comme son dernier geste envers Lucie. C’est le cas aussi pour Jaroslav, attaché aux traditions folkloriques mais qui se rend compte que toute cette parade n’est qu’une comédie qui n’intéresse plus personne, même pas sa famille. Kostka, quant à lui, se réfugie dans la foi pour justifier son attitude mais il finit par être assailli par les doutes en repensant à certaines décisions du passé qu’il a pris.
L’auteur critique aussi le régime communiste de l’époque : le pouvoir politique très autoritaire, les arrestations arbitraires d’un comité qui envoyait pour des raisons fallacieuses n’importe quelle personne dans les mines ou l’expropriation des propriétaires.
Le style d’écriture est agréable dans l’ensemble. J’ai quand même noté des passages un peu bancal, un vocabulaire trop recherché parfois et quelques longueurs qui m’ont fait soupirer.
Que peut-on conclure après cette lecture ? Le passé est irrévocable et il faut apprendre à vivre avec. Le présent est douloureux, plein de désillusions et de malentendus mais la vie continue. Une histoire réaliste qui laisse un arrière-goût amer !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Le livre du rire et de l’oubliL’insoutenable légèreté de l’être

La métamorphose

Fiche identité

  • Titre du livre: La métamorphose
  • Auteur: Franz Kafka
  • Nombre de pages: 144
  • Édition: Gallimard
  • Année de publication: 1915

Résumé

En se levant un matin, Gregor Samsa découvre qu’il s’est transformé en un horrible cafard géant.

Avis    

Lorsqu’on lit un auteur mondialement connu, adulé et sur qui on a écrit tant de choses, on se sent un peu insignifiant parce que on ne sait pas quoi dire de plus par rapport à ce que les autres ont mille fois répété. Mais, humblement, j’essaierai de vous partager ici ce que j’ai pu ressentir durant cette lecture.
C’est un ouvrage que je conseille aux gens qui ont envie de découvrir Kafka. Ce récit est court mais merveilleusement bien écrit, avec un sens du détail proche de la perfection.
La situation est absurde, irrationnelle mais elle s’impose à une famille bourgeoise, les Samsa: Gregor, leur fils, un représentant de commerce dans les tissus, se transforme du jour au lendemain en cafard. L’auteur arrive à restituer de manière réaliste les états d’âme de Gregor : tout d’abord la stupéfaction et même le déni face à cette transformation. Mais voici ce qui m’a le plus frappé: pas une seule fois, Gregor n’a cherché à comprendre pourquoi ce malheur lui est arrivé. En fait, il craint plus les réactions de sa famille et de son patron que son propre sort. Sa principale inquiétude est de savoir comment ses parents et sa sœur Grete vont subvenir à leurs besoins. Puis, tous ces sentiments font place à la résignation. Gregor, anciennement pilier de la famille, se sent au fur et à mesure écarté et isolé. Il ne fait plus partie de ses semblables et il perd petit à petit ces traces d’humanité.
Je ne peux pas dire que j’ai ressenti de la compassion pour un cafard car Dieu seul sait à quel point je déteste cet insecte mais ce que Gregor a vécu m’a profondément remué. En fait, j’ai compris ce que l’auteur voulait nous transmettre : ce sentiment de solitude, cette impression de ne plus appartenir à un groupe, de ne plus pouvoir s’identifier à quelqu’un ou même d’être rattaché à quelque chose, de voir le regard des autres pesé sur soi et de comprendre que la société nous voit comme un monstre. Mais d’un autre côté, peut-on blâmer sa famille pour ce rejet ? cette indifférence ? et cet oubli de tout ce qu’il a fait auparavant pour ne voir en lui qu’un cafard qui gêne désormais leur vie ?
Le style d’écriture est magnifique, riche et profond. Il m’a coupé le souffle et certains passages sont d’un réalisme saisissant. Ce livre est une pépite d’or que je vous recommande vivement ! Un vrai électrochoc !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Le château – Le procès