Trop de bonheur

Fiche identité

  • Titre du livre : Trop de bonheur
  • Auteur : Alice Munro 
  • Nombre de pages : 320
  • Édition : L’Olivier
  • Année de publication : 2009

Résumé

Cet ouvrage est un recueil d’une dizaine de nouvelles.

Avis     

Cela fait un moment que je voulais découvrir cet auteur, prix Nobel de littérature. En soi, cette distinction n’est pas un gage de qualité à mes yeux, mais la curiosité aidant, me voilà lancée !
J’annonce que si vous avez le blues ou si vous êtes déprimée, posez ce livre, remettez-le sur une étagère ou offrez-le à votre pire collègue.
Rien dans le titre ne semble lié au bonheur, mais alors là, rien de rien ; pas une seule ligne ne respire la joie, la sérénité ou le bien-être. Au contraire, le lecteur est plongé dans une ambiance sombre, triste et parfois glauque.
Chaque nouvelle traite d’un personnage qui se débat soit contre le désespoir, soit contre les souvenirs du passé, soit contre la solitude ou des problèmes familiaux ou conjugaux. J’ai l’impression que l’auteur a rassemblé ici tout ce qui pouvait être le plus sombre dans une vie humaine : meurtre d’enfants, séparation, infidélité, rupture des liens familiaux entre les parents et un fils, dîner avec un sadique, handicap physique, accident volontaire causé par des enfants etc. Bref, vous m’avez compris, il y a de quoi avaler un paquet de Xanax !
Le style d’écriture est pourtant agréable et fluide. L’auteur part d’un quotidien qui semble banal, emmène doucement son lecteur vers ces marécages et l’enserre dans ses filets. Les nouvelles sont courtes mais percutantes, trop puisque certaines m’ont affectées au point de me donner des cauchemars.
Je suis sortie vidée de toute énergie positive après la lecture de ces nouvelles. Je ne compte pas renouveler cette expérience quand bien même cette impression montre le talent indéniable de l’auteur à toucher son public.
Un conseil : prévoir (pendant et après cette lecture) une dose plus forte de consommation de chocolat !  

L’histoire de Bone

Fiche identité

  • Titre du livre : L’histoire de Bone
  • Auteur : Dorothy Allison
  • Nombre de pages : 414
  • Édition : 10 x 18
  • Année de publication : 1992

Résumé

Ce roman largement autobiographique, raconte l’enfance de Ruth Ann, appelée communément Bone par sa famille en raison de sa petite corpulence.

Avis     

Je suis sortie de ce roman en pleurs. J’étais touchée jusqu’au plus profond de moi-même par l’enfance brisée de Bone.
Tellement de choses se sont bousculées dans mon cœur et dans ma tête : la colère, la haine, l’incompréhension, le chagrin et une profonde tristesse.
Mais revenons d’abord sur cette histoire : née de père inconnu dans une famille blanche et pauvre de Caroline du Sud, Bone mène une existence plutôt tranquille avec sa mère et sa demi-sœur. De plus, elle voit régulièrement la famille élargie – tantes, oncles un peu délurés, cousins et cousines, mamie – qui n’est jamais à court d’anecdotes et de ragots. Mais lorsque sa mère se remarie avec Glen, tout bascule, car elle devient victime de maltraitance et d’inceste.
Ce roman est poignant. L’auteur décrit avec beaucoup de réalisme le mécanisme de la violence au sein d’une famille : l’enfant se sent coupable et n’ose pas raconter ce qui se passe. Les autres membres de la famille ferment les yeux et accentuent encore plus l’isolement de l’enfant. J’ai ressenti chaque émotion et sentiment de Bone comme si j’étais dans sa peau ; j’ai frémi à chacune de ces colères ; j’ai senti bouillir un torrent de haine et de rage au fond de moi. Je n’avais qu’une envie : la protéger, la sortir de cet enfer, la prendre dans mes bras et la rassurer en lui promettant que tout irait bien. Mais je n’ai rien pu faire : j’ai assisté au drame, à ce terrible dénouement qui m’a fait longuement sangloté.
Expliquez-moi comment est-ce possible ? Pourquoi ce choix ? Cet aveuglement ? Je ne comprends pas…Je ne peux pas comprendre.
L’auteur décrit aussi les conditions de vie précaires d’une certaine frange de la population en Caroline du Sud : violence conjugale, alcoolisme, endettement, chômage ou prison font partie de leur quotidien.
Le style d’écriture est limpide, fluide et les pages se tournent sans aucune lassitude. Au moment où la tension est à son paroxysme, l’auteur bascule sur un mode plus doux et raconte des souvenirs d’enfance. Heureusement qu’il y a cette famille élargie solidaire et attachante malgré ses défauts. Je n’oublierai pas de sitôt l’oncle Earle, les tantes Ruth, Alma et Raylene…
Une question me taraude après la lecture de ce témoignage : qu’est devenu cet enfant ? A-t-elle pu dépasser ce passé, se « reconstruire » ? Petite Bone, où que tu sois, je souhaite que tu puisses trouver la paix.