Mille femmes blanches

Fiche identité

  • Titre du livre : Mille femmes blanches 
  • Auteur : Jim Fergus
  • Nombre de pages : 505
  • Édition : Pocket
  • Année de publication : 1998

Résumé

Cette histoire se déroule au XIXème siècle, aux Etats-Unis. Soucieux de maintenir la paix avec les Indiens, le président Ulysse Grant accepte la proposition d’un chef cheyenne : mille femmes blanches volontaires contre mille chevaux. C’est ainsi que May Dodd, pour échapper à un internement forcé, va devenir volontaire et rejoindre une tribu indienne au cœur de l’Amérique. 

Avis     

L’histoire, divisée en sept carnets, relate les aventures de May Dodd, qui fait partie d’un groupe de femmes volontaires pour se marier avec des hommes issus d’une tribu cheyenne. Ce programme gouvernemental vise à maintenir la paix et à inculquer les valeurs occidentales à la population indigène par l’intermédiaire des liens du mariage.
May Dodd nous raconte toutes les péripéties qu’elle a vécues, depuis son enfermement forcé dans un asile, ses manœuvres pour quitter cet endroit abject, son voyage vers l’Ouest en compagnie d’autres femmes volontaires et enfin sa vie en tant que compagne d’un Cheyenne. L’attitude de May ne ressemble pas vraiment à une femme du XIXème siècle : indépendante, courageuse et volontaire, May partage plutôt les valeurs d’une femme de notre époque. Qu’importe ce léger anachronisme, elle reste quand même attachante. Les autres personnages secondaires le sont aussi.
On découvrira le mode de vie de la tribu cheyenne, leurs us et coutumes, ainsi que leur système de valeurs. L’’auteur dénonce les profonds changements de l’organisation sociale indienne depuis l’arrivée des Blancs qui non seulement les ont chassés de leur terre natale, les ont massivement massacrés, mais aussi introduit l’alcool et autres denrées inutiles. L’auteur nuance aussi son propos, car les Indiens ne sont pas irréprochables : les guerres entre les différentes tribus sont multiples et entraînent son lot de tueries, de vols et d’exactions.
Même si May finit par s’attacher à son peuple d’adoption, elle restera convaincue que la politique américaine reste la meilleure : cantonner les Indiens dans une réserve afin de les initier aux valeurs occidentales. Dommage ! J’aurais aimé qu’elle défende la liberté et le droit des Indiens plutôt que de militer pour leur enfermement. Je me dis que sans ses tergiversations, elle aurait pu éviter tout ce gâchis car elle avait été prévenue de ce qui allait se passer.
Le style d’écriture est agréable, fluide et léger. Malgré quelques longueurs, l’auteur arrive à maintenir le lecteur en haleine.
Pour conclure, cette histoire – entièrement fictive – m’a permis de m’évader et de me détendre. 

Les yeux dans les arbres

Fiche identité

  • Titre du livre : Les yeux dans les arbres
  • Auteur : Barbara Kingsolver
  • Nombre de pages : 672
  • Édition : Payot et Rivages
  • Année de publication : 1998

Résumé

Nathan Price, un pasteur baptiste américain, part en mission évangélique au Congo avec sa femme et ses quatre filles. Mais ce changement de vie va bouleverser l’équilibre  précaire de la famille. 

Avis     

Ce livre est une perle magnifique rencontrée sur ma route de lecteur. J’en suis ressortie avec une émotion si forte que j’ai mis du temps à m’en remettre, et je pense que je ne m’en remettrai pas. Quelque part, au fond de moi, me hantent encore les voix des cinq femmes Orleanna, Rachel, Leah, Adah et Ruth May.
Lorsque cette famille part au Congo pour une mission évangélique, c’est leur vie qui s’écroule peu à peu. Isolée dans un village congolais sans aucun accès mis à part un petit avion qui arrive par intermittence, en proie au climat aléatoire qui va de la sécheresse aux pluies diluviennes, cohabitant avec des animaux sauvages comme les serpents et les tarentules, la famille s’effrite peu à peu.
L’histoire est racontée du point de vue des cinq femmes de la famille. Chacune, avec un ton différent, un humour à elle, et surtout une certaine lucidité, décrivent cette expérience désastreuse et tragique. Nathan, le père, qui était craint par ses filles, perd au fur et à mesure sa crédibilité et son autorité. Il est tellement aveuglé par la religion qu’il ne voit pas ce qui se passe autour de lui : les villageois ne comprennent pas son message ; sa famille sombre dans le chaos ; la situation politique s’envenime jusqu’à ce que survienne une terrible tragédie qui brisera à jamais la famille.
L’histoire est longue, car l’auteur s’attarde ensuite sur les conséquences de cette tragédie. Jusqu’au bout, chacune d’elles portera les séquelles, différemment, mais toujours avec cette culpabilité sous-jacente. Elles essaieront d’expier chacune à leur manière ce qui est arrivé.
L’auteur décrit ici le fanatisme religieux poussé à son paroxysme. Jusqu’au bout, le père s’accrochera à ses convictions religieuses quitte à sacrifier toute sa famille. Il n’a jamais essayé de comprendre la culture des autres, les traitant avec mépris et condescendance. À travers ce roman, l’auteur dénonce aussi le colonialisme et ses conséquences. L’auteur évoque aussi le contexte politique de l’époque après la décolonisation du Congo Belge, avec l’arrivée de Patrice Lumumba au pouvoir et ensuite le coup d’Etat de Joseph Mobutu.
Le style d’écriture est magnifique, avec chaque fois, une voix différente qui parle selon les chapitres. Les personnages principaux sont finement ciselés, si bien décrits qu’on a l’impression de les côtoyer au quotidien et de les connaître intimement. J’étais emportée dans cette histoire inoubliable, sublime qui m’a fait pleurer toutes les larmes de mon corps.
À découvrir de toute urgence !!!

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : On m’appelle Demon Copperhead