Sous le règne de Bone

Fiche identité

  • Titre du livre : Sous le règne de Bone
  • Auteur : Russell Banks 
  • Nombre de pages : 437
  • Édition : Actes Sud
  • Année de publication : 1995

Résumé

Chappie est un adolescent de quatorze ans dans une situation précaire. Délinquant, en décrochage scolaire, il fuit sa famille pour se réfugier chez un copain de seize ans. Chappie va vivre une succession d’aventures. 

Avis     

Dans ce livre, on va suivre les aventures de Chappie, un adolescent de quatorze ans, qui devient petit à petit un délinquant. Après un décrochage scolaire, de menus larcins pour acheter de la drogue, il se retrouve dehors après une violente dispute avec son beau-père et sa mère.
Ce livre se divise en deux temps.
La première partie raconte le quotidien de Chappie dans le milieu de la délinquance américaine : il squatte dans un appartement où vivent des bikers et vit en revendant de la drogue. Sa rencontre avec un rasta va l’emmener, dans une deuxième partie, en Jamaïque où d’autres aventures l’attendent.
Cette histoire nous montre comment un adolescent glisse dans la précarité. Une fugue, de mauvaises fréquentations, la drogue et des problèmes familiaux sont les cocktails explosifs qui précipitent la délinquance. Je n’ai pas mis plus en note, car la seconde partie des aventures de Chappie, désormais appelé Bone, m’a un peu ennuyé. Nous aurons de longs passages sur les rastas et le rastafarisme. Je n’ai rien contre cette doctrine, mais c’était un peu long, avec des aventures moins cohérentes que la première partie.
Bone reste assez attachant, car il est conscient de la frontière tenue entre ce qui est mal, et ce qui est vraiment dangereux. Durant ces aventures, il ne quittera jamais son humour et sa gentillesse.
Loin des images féeriques des Etats-Unis, l’auteur nous offre ici une vision moins idyllique de ce pays : bikers agressifs, délinquance et drogue, pédophilie et prédateurs sexuels, alcoolisme, des familles en dérive, etc. L’auteur écorne aussi l’image des rastas de la Jamaïque : derrière leur philosophie de vie se cache soit le commerce lucratif de la drogue ou bien le tourisme sexuel pour des Américaines esseulées.
Le style d’écriture est fluide, agréable et le livre se lit plutôt bien, car il se met vraiment à la place d’un adolescent de quatorze ans. Il y a un passage qui m’a marqué, c’est celui où Chappie demande à sa mère de choisir entre son beau-père et lui. Cette scène m’a donné des spasmes tellement elle est violente en émotions.
La fin laisse un peu le lecteur sur sa faim, car il n’y a pas de conclusion définitive. Est-ce que Bone va s’en sortir, et comment ?

Au revoir là-haut

Fiche identité

  • Titre du livre : Au revoir là-haut
  • Auteur : Pierre Lemaître
  • Nombre de pages : 624
  • Édition : Hachette
  • Année de publication : 2013

Résumé

Cette histoire commence à la fin de la guerre 14-18. Albert Maillard et Édouard Péricourt échappent de peu à la mort. C’est Édouard qui a sauvé Albert, et entre eux, existent un lien très fort. Leur retour à la vie civile est compliqué : Édouard est défiguré tandis qu’Albert peine à retrouver une situation stable après toutes les horreurs qu’il a vues. Jusqu’au jour où une idée géniale traverse l’esprit d’Édouard. 

Avis     

Ce livre, primé par le prix Goncourt, m’a réconcilié avec cette récompense que j’ai souvent critiquée. J’ai adoré cette histoire, de la première à la dernière ligne.
Lire cette histoire, c’est découvrir le quotidien des rescapés de la Première Guerre mondiale ; il y a les blessés ; ceux qui attendent d’être démobilisés pour enfin rentrer chez eux ; ceux qui veulent obtenir un nouveau grade ; ceux qui sont décédés sans que leur corps et leur tombe soient identifiés ; etc.
Parmi tout ce monde, il y a trois personnages que nous allons suivre : le lieutenant d’Aulnay-Pradelle, un homme ambitieux et sans scrupules ; Albert Maillard, soldat effacé et quelconque, une des victimes de la cupidité d’Aulnay-Pradelle ; Édouard Péricourt, un autre soldat qui sauve Albert de la mort. Les deux soldats seront liés par un lien indéfectible alors que rien ne les rapprochait.
Albert est d’origine modeste, un homme timide, effacé et craintif qui peine à trouver sa place. Il est marqué psychologiquement par les séquelles de la guerre. Édouard vient d’une riche famille bourgeoise, et a toujours vécu dans l’opulence, mais il refuse de retourner dans sa famille depuis son accident. Les deux peinent à joindre les deux bouts jusqu’à ce qu’Édouard trouve une idée géniale.
L’intrigue vient lentement, mais sûrement. Il s’agit, en réalité, de deux escroqueries, mais chacune sur une échelle différente. L’un est celui d’Aulnay-Pradelle qui profite de la situation après-guerre pour s’en mettre plein les poches : construire des cimetières pour les soldats décédés, mais avec le maximum de profits et le minimum de moyens. L’autre est celui imaginé par Édouard : vendre des monuments aux morts, mais sans jamais les livrer. Je n’en dirais pas plus, mais ce fut vraiment un excellent moment de suivre ces deux intrigues.
Ce livre dénonce le statut des soldats rescapés de la guerre. Rentrés chez eux, ils ne reçoivent aucune reconnaissance et se retrouvent souvent dans la précarité, rejetés par la société qui ne savent pas comment les traiter, traumatisés par les horreurs qu’ils ont vécu dans les tranchées. C’est à se demander s’il ne valait pas mieux pour eux mourir plutôt que vivre comme des ombres méprisées.
Le style d’écriture est magnifique, captivant et riche. Le livre se lit avec une rare fluidité, une énergie débordante et une maîtrise totale de son sujet. Il est impossible de le lâcher une fois qu’on a commencé avec tous les rebondissements à chaque chapitre. J’étais complètement captivée par cette lecture.
En tout cas, j’ai adoré cette histoire que je vous recommande vivement !