Fiche identité
- Titre du livre: Sarah et le lieutenant français
- Auteur: John Fowles
- Nombre de pages: 670
- Édition: Points
- Année de publication: 1969
Résumé
Depuis une malencontreuse aventure avec un lieutenant français, Sarah est devenue la brebis galeuse de Lyme Regis. Charles Smithson, intrigué le mystère qu’elle dégage, finit par lui montrer un peu de sympathie. Mais ce rapprochement risque de mettre en péril sa paisible existence.
Avis
J’ai trouvé ce roman en chinant dans une bouquinerie en Bretagne et je suis vraiment contente de l’avoir acheté !
Bien qu’elle ait été écrite dans les années 1970, cette histoire se déroule dans l’Angleterre du XIXème siècle et débute dans le village de Lyme Regis. Sarah est la paria du village, celle qu’on montre du doigt car elle s’est fait séduire par un lieutenant français quelques années auparavant. Charles, un aristocrate récemment fiancé, s’intéresse à son cas et la prend en pitié. Mais plus il se rapproche d’elle, plus des sentiments qu’il ne prévoyait pas font surface.
L’auteur décrit avec une parfaite exactitude les mœurs de l’époque victorienne: les carcans rigides qui régissent la société et qui entravent toute expression des sentiments et toute allusion sensuelle ou sexuelle ; les idées et progrès scientifiques qui ont bouleversé la société comme celle Darwin et sa théorie de l’évolution ; le rôle et les conditions sociales des femmes à cette époque ; les clivages entre les classes sociales avec d’un côté les aristocrates propriétaires terriens, les bourgeois qui ont fait fortune dans le commerce et de l’autre la classe moyenne et les paysans ;
Les personnages sont ceux qu’ils sont car ils ont évolué dans un milieu social qui les a façonné ainsi. Mis dans un contexte différent, peut-être auraient-ils réagi autrement. En tout cas, leurs états d’âme sont très bien décrits, avec des traits de caractère très réalistes.
Mais ils ne sont pas aussi attachants que je l’espérais. Sarah est une figure assez énigmatique à mes yeux et jusqu’à la fin du livre et malgré toutes les options laissées par l’auteur, je n’ai pas réussi à la comprendre : est-elle une femme fatale qui joue avec les sentiments de Charles dans le but de le détruire ? ou une malheureuse, victime des circonstances et qui ne sait pas où elle va et ce qu’elle désire réellement ?
L’auteur joue aussi avec le lecteur : il l’interpelle, n’hésite pas à basculer dans des digressions divers sur Thomas Hardy ou tout autre sujet sur l’époque victorienne, entre dans l’histoire comme un personnage secondaire, et nous propose même trois fins douces-amères.
Pourquoi je n’ai pas mis le 5ème cœur ? Le style d’écriture m’a paru souvent difficile, dense et peu accessible aux gens qui n’y connaissent rien à la littérature anglaise classique. Certaines longueurs alourdissent le récit.
Pour conclure, je recommande ce livre exclusivement aux habitués de la littérature anglaise classique du XIXème siècle !