Abigaël

Fiche identité

  • Titre du livre : Abigaël
  • Auteur : Magda Szabo
  • Nombre de pages : 424
  • Édition : Viviane Hamy
  • Année de publication : 1970

Résumé

Du jour au lendemain, sans aucune explication, le père de Gina décide qu’elle ira en pension. Gina va rejoindre une institution religieuse très stricte dans la province de Matula. Mais Gina s’adapte mal à ces nouvelles conditions de vie. 

Avis    

C’est par le plus grand hasard que j’ai pris ce livre. Certes, je connais l’auteur par l’intermédiaire de son roman le plus célèbre (cf. La porte), mais je ne pensais pas lire un autre de ses ouvrages. 
J’ai tellement aimé l’histoire de Gina, cette adolescente obligée de s’adapter dans une pension aux règles strictes. J’ai ressenti une proximité très forte avec elle, comme si ce qu’elle vivait était ce que je vivais. Je comprenais ses sentiments et ses émotions. Plus que cela, j’avais l’impression que l’âme de l’auteur parlait directement à mon âme, afin d’apaiser, par l’intermédiaire de ce livre, les tourments qui m’agitaient. Comment vous dire ? C’est une expérience fabuleuse de sentir qu’un livre résonne en soi. Et pourtant, cette histoire est, en apparence, si éloignée de mon quotidien. 
Gina est contrainte, par son père, un membre haut placé de l’armée hongroise, à étudier dans une pension. Ses débuts sont difficiles : suite à une dispute, elle se met à dos toute sa classe et subit les brimades de ses camarades de classe. Certaines scènes sont d’une cruauté terrible, d’autant plus injuste que les adultes ne voient pas ce qui se passe réellement. Gina se sent seule, incomprise et abandonnée et rêve de fuir cet endroit maudit. Lorsque son père vient la voir, il lui explique les raisons de ce choix qu’il sait éprouvant pour sa fille. 
Au début de ce livre, Gina ne voit que son monde. Sa vision est restreinte, remplie de rancœur envers son père et ses camarades de classe. Mais la révélation de ce secret va changer son attitude : « La nouvelle Gina, celle qui venait de voir le jour à la pâtisserie Hajda, ne mesurait pas la vie aux offenses et aux brimades, ni à la quantité de gâteaux non consommés. Elle s’efforçait d’intégrer ce que son père lui avait révélé, et ce n’était pas quelque chose que la conscience pût s’approprier tout de suite […]. À présent, leurs jeux, leurs petites fourberies, leurs piques étaient bien loin d’elle […] et si tant est qu’on puisse mettre un nom sur ce qu’elle éprouvait envers ses camarades qui échangeaient plaisanteries puériles et chagrins passagers sous le manteau de cantiques, c’était plus de l’envie que de la colère. Elles en avaient de la chance, leur plus grand souci était de trouver quel bon tour elles joueraient le lendemain à König sans risquer d’être punies ! ». D’une enfant gâtée et colérique, Gina, à cause du secret de son père, se transforme en une personne plus mûre. Cela peut paraître un brin moralisateur, mais lorsque nos yeux sont aveuglés par des œillères, avoir une perspective plus grande permet de relativiser les problèmes.
En arrière-plan de cette histoire, la guerre continue. Le pensionnat semble épargné et continue son quotidien morose,
mais les événements s’accélèrent et viennent bouleverser les lieux et la vie de Gina.
Le style d’écriture est agréable, doux et fluide. J’ai adoré suivre la vie des jeunes filles dans cette pension. L’auteur sait traduire avec beaucoup d’élégance et d’empathie les sentiments et les émotions des personnages. La fin laisse beaucoup de questions ouvertes, notamment sur l’avenir de Gina.
C’est une belle découverte que je recommande !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : La porte 

La séquestrée

Fiche identité

  • Titre du livre : La séquestrée
  • Auteur : Charlotte Perkins Gilman
  • Nombre de pages : 112
  • Édition : Phébus
  • Année de publication : 1892

Résumé

Cette histoire est une nouvelle assez longue écrite à la première personne. Une jeune femme, récemment devenue mère, souffre d’une dépression. Son mari, qui est médecin, décide de lui imposer un repos forcé sans aucune distraction dans une chambre avec un papier peint jaune.

Avis    

Cette nouvelle raconte l’histoire d’une femme qui souffre d’une dépression après son accouchement. Recluse dans une chambre avec un papier peint de couleur jaune, elle se voit interdire tout loisir ou toute activité intellectuelle. Petit à petit, ce papier peint l’obsède au point qu’elle sombre dans la folie.
L’histoire semble assez banale avec un dénouement abrupt. Heureusement, le dossier situé à la fin du livre nous éclaire plus sur le contexte au moment de l’écriture de ce livre : au-delà de son accent autobiographique, il dénonce aussi le rôle restreint accordé aux femmes du XIXème siècle. Épouse et mère, voilà les seules étiquettes qu’elles sont autorisées à porter pour exister. L’auteur décrit brièvement les méthodes psychiatriques courantes de l’époque, qui au lieu de soigner, ne faisaient qu’aggraver l’état des patientes.
Je reste néanmoins sur ma faim, car j’aurais aimé connaître une suite, du moins s’il y a en une. Suite à son comportement, sera-t-elle internée ? Libérée de sa réclusion ?
En tout cas, ce livre reste intéressant car précurseur : qui aurait cru que quelqu’un oserait parler de dépression post-partum au XIXème siècle ?