L’ombre de ce que nous avons été

Fiche identité

  • Titre du livre : L’ombre de ce que nous avons été 
  • Auteur : Luis Sepulveda
  • Nombre de pages : 160
  • Édition : Points
  • Année de publication : 2009

Résumé

Trois anciens militants se retrouvent plusieurs années après dans un vieil entrepôt à Santiago. Ils attendent une dernière personne pour effectuer un coup spectaculaire. Mais un événement inattendu l’empêche d’arriver sur les lieux…

Avis     

C’est le troisième livre que je lis de cet auteur, mais j’ai moins accroché que les deux autres. J’étais étourdie par la longueur des noms des protagonistes qui semblent tous identiques. J’ai même confondu les époques, les lieux et les personnages. En quelques mots, j’ai eu du mal à me concentrer sur ce livre pour trouver le fil conducteur de ce récit.
Pourtant, l’auteur évoque ici un pan de l’histoire chilienne : celle des troubles politiques qui ont entraîné un exil massif des communistes et une sévère répression par l’armée lors du coup d’Etat de Pinochet. Il y a une certaine nostalgie et tristesse dans ce récit : trente-cinq ans plus tard, quand les trois compères se retrouvent, ils ressassent tous ces événements politiques qui les ont rassemblés, mais qui ne sont plus que de vieux souvenirs, des sacrifices qui n’ont pas mené à grand-chose. Eux-mêmes ont été brisés par le temps qui passe.
Cette citation, issue du livre, m’a vraiment touché, peut-être parce que j’ai vécu, il y a plusieurs années, un exil (volontaire) loin de mon pays d’origine : « On ne revient pas de l’exil, toute tentative est un leurre, le désir absurde de vivre dans le pays gardé dans sa mémoire. Tout est beau au pays de la mémoire, il n’y a pas de dommages au pays de la mémoire, pas de tremblement de terre, et même la pluie est agréable au pays de la mémoire. C’est le pays de Peter Pan, le pays de la mémoire ».
Le style d’écriture est léger, agréable avec un zeste d’humour, mais le récit se dévoile trop lentement à mon goût. Toujours est-il qu’il mérite quand même le détour même si je n’ai pas réussi à l’apprécier à sa juste valeur.

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler – Le vieux qui lisait des romans d’amour

Pedro Paramo

Fiche identité

  • Titre du livre : Pedro Paramo 
  • Auteur : Juan Rulfo
  • Nombre de pages : 145
  • Édition : Gallimard
  • Année de publication : 1955

Résumé

Juan Preciado a promis à sa mère, sur son lit de mort, de retourner à Comala pour voir son père Pedro Paramo. Il va y rencontrer plusieurs personnes, mais sont-elles réelles ou des fantômes ? 

Avis     

Ce livre, bien que court, nécessite autant d’énergie qu’un roman épais. Il mobilise toute l’attention du lecteur et l’entraîne dans un tourbillon où il est difficile de distinguer les morts des vivants, les songes des faits réels.
Arrivé au village de Comala, le narrateur va rencontrer plusieurs personnages, mais est-ce que ce sont des fantômes ou les derniers survivants de cet endroit abandonné et maudit ?
Le lecteur est pris dans cette valse de personnages qui apparaissent et disparaissent tour à tour : les noms se confondent, la frontière entre le réel et l’illusion est ténue.
Je ressors de ce livre avec un profond trouble : il m’a emmené dans des sentiers inconnus au point d’avoir des vertiges et une légère migraine.
L’auteur esquisse ici le portrait de Pedro Paramo, un propriétaire terrien sans scrupules qui domine le village par la force et la terreur : il s’accapare les terrains, viole les femmes et laisse son fils unique faire ce que bon lui semble.  
La forme de ce livre est complexe à saisir : je le recommande pour des lecteurs aguerris qui aiment les histoires décousues, les puzzles qui s’emboîtent petit à petit sans jamais être totalement finis. C’est assez déroutant donc il faut parfois trouver le fil d’Ariane qui permet de se sortir de ce labyrinthe.
Pour conclure, un livre déstabilisant qu’il faut prendre le temps de découvrir lentement.