Automobile club d’Egypte

Fiche identité

  • Titre du livre: Automobile club d’Egypte
  • Auteur: Alaa El Aswany
  • Nombre de pages: 637
  • Édition: Actes Sud
  • Année de publication: 2013

Résumé

L’Automobile club d’Egypte est le lieu central de cette intrigue, où va travailler Abdelaziz Hamam, un noble ruiné qui s’installe au Caire. A travers le vécu de ces quatre enfants, nous allons découvrir une chronique de l’Egypte des années 1940, au moment du règne du roi Farouk.

Avis     

Alors que le quotidien est morose, qu’aucun répit ne s’offre à l’horizon, plonger dans ce roman coloré, riche et plein d’entrain m’a permis de m’évader le soir, lorsque le sommeil fuyait tellement je suis submergée d’angoisse.
Ce livre est un roman polyphonique où interviennent plusieurs narrateurs, soit à la première personne, soit à la troisième personne. L’histoire prend deux directions, tout en restant imbriquées l’une dans l’autre.
D’abord, il s’agit de celle de la famille d’Abdelaziz Hamam, fraîchement arrivée au Caire. Les quatre enfants auront chacun un parcours différent que nous découvrirons au fur et à mesure des pages : Saïd, l’aîné égoïste et individualiste ; Kamel jeune étudiant plein de patriotisme ; Saliha dévouée, studieuse et naïve ; Mahmoud paresseux mais amoureux des plaisirs en tout genre. Autour d’eux gravitent une multitude de personnages comme Oum Saïd leur mère, Mitsy, Abdoune, Aïcha la voisine, M. Wright, les salariés de l’Automobile club d’Egypte, le prince Chamel, Faouzi etc. Pendant un long moment, ces personnages ont fait partie de mon quotidien, comme de vieilles connaissances, souvent drôles, attachants et tellement vivants.
Puis, il y a la vie dans l’Automobile club d’Egypte, un microcosme où se côtoie les aristocrates anglais qui occupaient l’Egypte à cette époque ; le roi qui y joue toute la nuit accompagnée de sa cour, les serviteurs noirs sous le joug d’El-Kwo, le chambellan du roi, un être tyrannique, odieux et malfaisant.
C’est un livre où on découvre la culture égyptienne, où on respire l’odeur des bons petits plats locaux, où on déambule dans les quartiers du Caire, où on dîne les salons feutrés de l’Automobile club, où on entre dans l’intimité familiale. Mais c’est aussi un roman de société qui dénonce les conditions sociales, le racisme ambiant, les inégalités sociales flagrantes entre les Egyptiens et les Anglais, le rôle subtil des femmes dans les foyers, la crise politique latente qui couve en Egypte accentuée par les frasques du roi, l’occupation anglaise avec son lot de mépris et de condescendance.
Le style d’écriture est agréable, limpide et léger. Le roman se lit quasiment d’une traite. Je n’ai pas mis le 5ème cœur car j’ai trouvé la fin totalement bâclée par rapport au contenu. L’auteur finit abruptement cette histoire sans même préparer le terrain. C’est comme s’il n’avait plus d’inspiration et qu’il décidait tout à coup de terminer ce récit avec une pirouette. J’aurai aimé que l’auteur continue cette histoire, qu’il passe même à la seconde génération jusqu’à la révolution égyptienne.
Pour conclure, ne tenez pas compte de cette couverture peu attirante et allez à la découverte de ce beau roman !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: L’immeuble Yacoubian Chroniques de la révolution égyptienne 

Mon nom est Rouge

Fiche identité

  • Titre du livre: Mon nom est Rouge
  • Auteur: Orhan Pamuk
  • Nombre de pages: 752
  • Édition: Folio
  • Année de publication: 1998

Résumé

Cette histoire se déroule à Istanbul au cours du XVIème siècle. Pourquoi un cadavre est-il jeté au fond d’un puits ? Est-ce que ce crime a un lien avec un mystérieux manuscrit commandé par le sultan ?

Avis    

Voici un livre qu’on m’a recommandé mais je l’ai trouvé vraiment difficile à lire. Quelle peine pour le terminer! J’ai failli abandonner plusieurs fois.
Il s’agit d’un roman qui mélange trois thèmes : un crime d’abord, celui d’un enlumineur jeté au fond d’un puits ; ensuite une intrigue amoureuse assez platonique. Ces deux sujets sont mineurs par rapport au dernier thème qui est la confection des miniatures vers le XVIème siècle.
L’auteur nous abreuve de longs (très longs) passages érudits sur la philosophie de l’art : qu’est-ce qu’un artiste ? Quelle est sa position vis-à-vis de ses commanditaires mais surtout vis-à-vis de Dieu ? Doit-il se conformer aux principes des anciens maîtres ou bien peut-il se distinguer et avoir son propre style ? Que peut-il peindre ? Comment éviter l’influence pernicieuse de l’art occidental ? La peinture à cette époque est considérée comme une hérésie et seules les miniatures qui respectent un certain code étaient admis.
Nous avons droit à des descriptions détaillées de miniatures célèbres mais comme je n’y connais rien de rien et que je n’en ai jamais entendu parler, ces passages m’ont paru obscurs, lents, répétitifs et redondants. Ce qu’un miniaturiste le dit, l’autre le surenchérit, et c’est ainsi pendant plus de 700 pages.
Le style d’écriture est pourtant limpide, clair et riche avec de belles phrases poétiques. C’est dommage qu’il devienne de plus en plus lourd au fur et à mesure qu’avancent les pages à cause des longueurs et de la répétition du même thème. En plus, le roman alterne le point de vue de plusieurs personnages, ce qui est parfois déstabilisant lorsqu’on passe de l’un à l’autre, avec pour seul fil conducteur l’art traditionnel de la miniature.
Si vous sentez que vous n’accrochez pas au bout des 150 premières pages, je vous conseille de laisser tomber ce roman. C’est ma première découverte de la littérature turque et de cet auteur : je suis déçue mais ça ne m’empêchera de tenter d’autres incursions dans cette catégorie.
Un livre que je recommande uniquement pour les amateurs d’histoire de l’art, notamment des miniatures persanes!