La fin de l’homme rouge

Fiche identité

  • Titre du livre: La fin de l’homme rouge
  • Auteur: Svetlana Alexievitch
  • Nombre de pages: 544
  • Édition: Actes Sud
  • Année de publication: 2013

Résumé

L’auteur recueille ici de multiples témoignages de Russes, qui ont vécu lors de l’époque soviétique et qui ont assisté à la fin de ce système politique.

Avis          

Il y a les livres qui laissent indifférents, et il y a ceux qui nous hantent pendant des semaines et laissent cette trace dans notre vie.
Vous l’avez deviné, celui-ci fait partie de cette catégorie et si je ne peux dire qu’une chose : LISEZ-LE ! L’auteur aborde des sujets difficiles : comment les Soviétiques ont-ils vécus l ‘époque de Gorbatchev, avec les changements économiques et politiques qui ont entraîné la fin de l’URSS ?
L’auteur a recueilli plusieurs témoignages, très diversifiés qui forment un prisme de sentiments et d’émotions allant de la colère à la nostalgie, de la peur, de l’angoisse, des doutes, des regrets, de la conviction, du désespoir. Certains récits sont très émouvants et il faut avoir le cœur bien accroché pour ne pas craquer. Il me faudrait des pages et des pages pour développer tout ce que je voudrais dire mais voici, succinctement, les faits qui m’ont marqués. La fin de l’URSS a eu plusieurs conséquences :
– l’arrivée massive du capitalisme sauvage et barbare, qui a entraîné une forte dévaluation du rouble et une paupérisation que très peu de gens ont acceptés. D’un jour à l’autre, la plupart des Russes ont perdu leurs économies ; la violence s’est emparée des jeunes prêts à tout pour s’accaparer, souvent illégalement, des biens d’autrui ; une poignée de gens se sont enrichis au détriment de la majorité.
– un fossé qui s’est creusé entre les générations c’est-à-dire ceux qui ont vécu à l’époque du soviétisme et les petits-enfants qui méprisent cette idéologie, voire ne comprennent pas les valeurs de leurs grands parents. Et là, à ma grande surprise, j’ai découvert que les personnes âgées interviewées, c’est à dire ce qui ont vécu la majorité de leur vie dans ce système politique, ressentaient une très vive nostalgie de l’URSS, décrit souvent comme « une grande puissance, un grand pays qui avait sa place dans l’échiquier mondial » et qui selon eux, a perdu sa place.
– la disparition des liens qui soudaient les anciens pays soviétiques de l’époque. Encore un pan de l’Histoire que je connais mal mais j’ai appris qu’il y a eu des massacres terribles entre plusieurs types de populations (les arméniens les tadjiks, les azéris etc.). Chaque peuple s’est soulevé contre un autre, chaque religion s’est opposée dans un bain de sang tragique à la chute du système soviétique. Et de nos jours, cela continue notamment avec les attentats à Moscou, revendiqués par les Tchétchènes.
– les histoires sur le goulag qui ressurgissent : le traitement immonde et innommable des prisonniers dans les camps en Sibérie, les multiples tortures infligés aux prisonniers, les enfants séparés de leurs parents et envoyés dans des orphelinats. C’est poignant, c’est terrible, cela fend le cœur !
Le style d’écriture est fluide, très agréable et l’auteur a su donner une touche très personnelle à chaque récit et une envergure qui fait qu’on s’attache à tous ces personnages.
Bref, un livre que je conseille fortement !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: La supplication Les cercueils de zinc 

Le procès

Fiche identité

  • Titre du livre: Le procès
  • Auteur: Franz Kafka
  • Nombre de pages: 305
  • Édition: Flammarion
  • Année de publication: 1925

Résumé

Un matin, Joseph K. est arrêté chez lui alors qu’aucun crime n’a été commis. Il est accusé mais lui-même et personne n’est capable de lui dire de quoi ni par qui…

Avis    

Ce livre ne m’a pas déçu mais la vérité est que je me suis sentie dépassée et, même écrasée, devant cet ouvrage. J’en suis sortie hébétée et je sais que je n’ai pas été capable d’appréhender tout son contenu. Cette note traduit mon sentiment et NON la qualité du livre.
Nous suivons Joseph K., accusé et arrêté par la justice. Mais nul n’est capable de dire pourquoi il est accusé ni par qui. Si au début, on garde en tête cette situation absurde, au fur et à mesure de la lecture, on l’oublie pour se concentrer sur les tentatives de Joseph K. pour faire avancer son dossier.
Certaines situations sont absurdes et relèvent plus du cauchemar que du réel : par exemple, dans un chapitre, K. ouvre un débarras de la banque et y découvre les deux inspecteurs qui l’ont arrêté le premier jour en train de se faire flageller. De même, chaque personne qu’il rencontre a toujours un lien avec la justice, que ce soit un client de la banque, le peintre Titorelli ou le prêtre dans la cathédrale. La « justice » elle-même est un labyrinthe étrange, un gouffre où personne ne sait où il commence ni quand il se termine. Il faut l’accepter tel qu’elle est, et faire avec en s’attirant les faveurs des avocats, des juges ou des chefs de bureaux. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, tout devient de plus en plus incompréhensible, confus et inquiétant.
Les sentiments de Joseph K. sont extrêmement bien décrits et sa psychologie est analysée, disséquée et restituée dans un style d’écriture qui reste accessible, moyennant un petit effort. La fin m’a coupé le souffle : de ma vie, je n’ai jamais lu une fin aussi remarquable, pleine d’audace et de folie.
Ce n’est pas une lecture facile mais un récit qui vous met mal à l’aise et qui vous pousse dans vos derniers retranchements de lecteur.
En tout cas, faut-il le lire ? Oui, pour au moins vivre cette sensation de lecture une fois !

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