La porte

Fiche identité

  • Titre du livre: La porte
  • Auteur: Magda Szabo
  • Nombre de pages: 352
  • Édition: Le livre de poche
  • Année de publication: 1987

Résumé

Lorsqu’elle emménage dans son appartement, la narratrice recherche une femme de ménage. Une de ses amies lui indique la concierge de l’immeuble voisin, Emerence, qui finira par travailler pour elle pendant plusieurs années. Une amitié assez étrange va se nouer entre les deux femmes. 

 Avis     

Je remercie chaleureusement un de mes collègues qui m’a recommandé cet ouvrage. Ce fut une belle découverte de la littérature hongroise !
Assez sceptique au début, j’étais embarquée petit à petit dans cette histoire, poussée par la curiosité de savoir où l’auteur oserait m’emmener ! Quelle surprise inattendue !
Tout commence par l’amitié improbable entre un écrivain et sa femme de ménage nommée Emerence. Cette dernière est la clé de voûte de ce roman : c’est une femme entière, exigeante, qui fait la pluie et le beau temps au sein de son entourage. Farouchement secrète au point de ne laisser personne franchir le seuil de sa maison, elle affiche comme sentiment envers les autres un mélange d’indépendance et de générosité assez désarçonnant. Une simple relation de travail se transforme ainsi en un maelström de malentendus, de ressentiments, de jeux de pouvoir et de concessions. Personnellement je n’aurai pas pu m’entendre avec elle que je juge trop envahissante dans sa manière d’être.
Sans dévoiler l’intrigue, je pense que le pilier de ce récit est la dignité humaine, échelle de valeurs qui diffère selon chaque individu. Ce livre est un message de tolérance où il faut apprendre à regarder sous un œil autre que le sien. C’est un exercice difficile d’aider quelqu’un sans que nos valeurs empiètent sur les siennes, sans l’humilier et sans lui ôter son libre arbitre. Le dicton « l’enfer est pavé de bonnes intentions » prend ici tout son sens.
Le style d’écriture est sobre mais fluide. On entre doucement dans cette ambiance de quartier de Budapest et dans l’intimité de ce couple d’intellectuels. Les personnages sont finement travaillés. De ce que j’ai compris ce récit a des accents autobiographiques.
Bien que les premiers pages dévoilent le dénouement, j’étais touchée par cette fin magistrale.
Pour conclure, je vous recommande de découvrir ce petit bijou hongrois émouvant!

Le dîner de trop

Fiche identité

  • Titre du livre: Le dîner de trop 
  • Auteur: Ismail Kadaré 
  • Nombre de pages: 213
  • Édition: Fayard
  • Année de publication: 2008

Résumé

Cette histoire se déroule en Albanie, dans la ville de Gjirokastër, au cours de la Seconde guerre mondiale. Parmi les Allemands qui envahissent la ville se trouve le colonel Von Schwabe, ancien ami du docteur Gurameto, une personnalité très respecté de la ville. Ce dernier organise un dîner pour apaiser les tensions qui règnent entre les Albanais et les Allemands. Mais cette décision aura de multiples conséquences…

Avis     

Si je ne devais retenir qu’un mot à la fin de ce livre, ce serait celui-ci : difficile. Cette lecture m’a poussé au bout de mes retranchements ; ce fut un combat, un corps à corps où j’ai failli perdre plusieurs fois mon souffle.
L’histoire se déroule dans une ville d’Albanie où un des principaux sujets de commérages est celui de l’opposition entre les deux docteurs Gurameto. La tranquillité de ce petit bourg est perturbée par l’arrivée des Allemands, considérés comme des envahisseurs en ce temps de guerre. Le docteur Gurameto organise un dîner somptueux pour le colonel Fritz von Schwabe, un de ces anciens camarades. Et c’est là où le récit prend tout son ampleur. L’auteur nous entraîne dans un flou artistique qui mêle humour, fantastique, rêve, complots et dénonciations : on ne sait plus distinguer la vérité des mensonges, les commérages des faits réels, les coupables des innocents. Ce dîner a-t-il réellement eu lieu ou n’est-ce qu’un songe, une hystérie collective ? Que s’est-il passé lors de ce repas ? Que reproche-t-on aux docteurs Gurameto ?
L’auteur dénonce la politique répressive qu’il y a eu en Albanie ; les multiples tortures et emprisonnements politiques parfois injustifiées. Mais la structure du livre est tellement complexe qu’on perd parfois de vue le but de l’auteur.
Le style d’écriture est riche, teinté d’ironie et de sarcasme. Le ton oscille entre la tragédie, l’humour et l’absurde. Il y a des passages magnifiques, notamment celui du dialogue avec Vehip l’aveugle que j’ai trouvé particulièrement beau.
C’est le premier roman que je découvre de cet auteur. Malgré cette note passable, je pense que je suis passée à côté de quelque chose. Une expérience à renouveler avec un autre livre ?