La séquestrée

Fiche identité

  • Titre du livre : La séquestrée
  • Auteur : Charlotte Perkins Gilman
  • Nombre de pages : 112
  • Édition : Phébus
  • Année de publication : 1892

Résumé

Cette histoire est une nouvelle assez longue écrite à la première personne. Une jeune femme, récemment devenue mère, souffre d’une dépression. Son mari, qui est médecin, décide de lui imposer un repos forcé sans aucune distraction dans une chambre avec un papier peint jaune.

Avis    

Cette nouvelle raconte l’histoire d’une femme qui souffre d’une dépression après son accouchement. Recluse dans une chambre avec un papier peint de couleur jaune, elle se voit interdire tout loisir ou toute activité intellectuelle. Petit à petit, ce papier peint l’obsède au point qu’elle sombre dans la folie.
L’histoire semble assez banale avec un dénouement abrupt. Heureusement, le dossier situé à la fin du livre nous éclaire plus sur le contexte au moment de l’écriture de ce livre : au-delà de son accent autobiographique, il dénonce aussi le rôle restreint accordé aux femmes du XIXème siècle. Épouse et mère, voilà les seules étiquettes qu’elles sont autorisées à porter pour exister. L’auteur décrit brièvement les méthodes psychiatriques courantes de l’époque, qui au lieu de soigner, ne faisaient qu’aggraver l’état des patientes.
Je reste néanmoins sur ma faim, car j’aurais aimé connaître une suite, du moins s’il y a en une. Suite à son comportement, sera-t-elle internée ? Libérée de sa réclusion ?
En tout cas, ce livre reste intéressant car précurseur : qui aurait cru que quelqu’un oserait parler de dépression post-partum au XIXème siècle ? 

Ce qui a dévoré nos coeurs

Fiche identité

  • Titre du livre : Ce qui a dévoré nos cœurs
  • Auteur : Louise Erdrich
  • Nombre de pages : 300
  • Édition : Le livre de poche
  • Année de publication : 2005

Résumé

Faye vit avec sa mère dans une petite bourgade du New Hampshire. Leur quotidien est triste, rythmé par leur travail commun qui consiste à faire l’inventaire d’une maison lors du décès des propriétaires. Un jour, lors d’un inventaire, elle retrouve un tambour amérindien qui a une valeur inestimable. 

Avis    

C’est le titre de ce roman qui m’a attiré, ainsi que cette couverture chatoyante. J’ai découvert un récit particulier dont le fil conducteur est un tambour amérindien.
Le livre commence par l’histoire de Faye, qui nous raconte son quotidien. On sent qu’une ombre pèse sur sa vie, qu’un secret existe qui l’empêche d’être heureuse. Cette première partie est assez longue, et honnêtement, je commençais à sentir une lassitude dans cette lecture jusqu’à ce qu’on arrive à la deuxième partie du livre, début de la genèse du tambour.
Le lecteur bascule dans un récit coloré, original qui raconte la vie d’une famille amérindienne : une histoire d’amour qui tourne mal, un homme en proie à la déchéance à cause de l’alcool, un tambour magique censé connecter les vivants et les esprits pour les soigner, etc. J’ai adoré cette partie sur les traditions ancestrales, les us et coutumes ainsi que la magie un peu mystique véhiculée par le tambour.
La troisième partie, plus contemporaine, raconte la tragédie vécue par Ira, une mère célibataire dans une réserve indienne. On découvre ici leur dur quotidien, des vies minées par la pauvreté chronique, le froid, la solitude et la faim.
Le style d’écriture est riche, poétique et agréable. À chaque changement de personnage, le ton change vraiment, ce qui donne un réalisme saisissant lorsqu’on lit cet ouvrage. Pour aimer ce livre, il faut accepter le mystère, l’insaisissable et la magie…
Voici deux passages qui m’ont profondément touché. La première est la rencontre avec un loup : « And the wolf answered, not in words, but with a continuation of that stare. We live because we live. He did not ask questions. He did not give reasons. And I understood him then. The wolves accept the life they are given. They do not look around them and wish for a different life, or shorten their lives resenting the humans, or even fear them anymore than is appropriate. They are efficient. They deal with what they encounter and then go on. Minute by minute. One day to the next… »
Et la seconde est la conclusion de Faye sur la nature même de la vie : « Life will break you. Nobody can protect you from that, and being alone won’t either, for solitude will also break you with its yearning. You have to love. You have to feel. It is the reason you are here on earth. You have to risk your heart. You are here to be swallowed up. And when it happens that you are broken, or betrayed, or left, or hurt, or death brushes too near, let yourself sit by an apple tree and listen to the apples falling all around you in heaps, wasting their sweetness. Tell yourself that you tasted as many as you could. »