Le jumeau

Fiche identité

  • Titre du livre : Le jumeau
  • Auteur : Jean-Pierre Haga
  • Nombre de pages : 190
  • Édition : Les Editions du Net
  • Année de publication : 2019

Résumé

Cette histoire raconte l’histoire d’un jeune garçon abandonné à la naissance. 

Avis  

Trouver des auteurs de mon pays d’origine n’est pas facile, car il n’y a pas beaucoup d’écrivains, ou aussi, parce que je n’en connais pas beaucoup. Ce livre m’a été recommandé par un membre de ma famille et je la remercie pour cette découverte.
L’auteur aborde ici plusieurs sujets qui ont trait à la culture malgache, que ce soit le poids des traditions comme l’abandon des jumeaux à la naissance ; le folklore local comme les êtres mystérieux appelés « kalanoro » ou les crocodiles qui sont considérés comme des ancêtres ; les guérisseurs qui font office de médecins dans la brousse ou les sorcières qui fabriquent des sorts maléfiques. Mais le principal sujet ici est le vol de bétails par les « dahalo ». Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’une horde de bandits (oui, au XXIème siècle, cela existe encore !) qui volent des troupeaux de zébus pour les revendre ensuite. Ils sont bien organisés, armés et violents avec la population locale qui doit garder le silence sous peine de représailles.
Derrière ce trafic se cache, selon l’auteur, non seulement des malfrats de seconde zone, mais aussi des trafiquants issus de la haute sphère politique et économiques, qui exportent la viande.
Tous les sujets sont intéressants, d’autant plus pour moi qui connaît bien le pays, mais hélas, je trouve qu’ils sont abordés de manière superficielle. L’auteur aurait pu développer et approfondir tellement de thèmes et tellement de personnages. Il aurait pu donner plus de densité, plus de sentiments et d’émotions à chacun des personnages pour les rendre plus attachants. Par exemple, la mère qui abandonne son enfant, que ressent-elle ? Comment ce choix la hante-t-elle ? De même, le gendarme alcoolique, il aurait pu faire un personnage plus élaboré. Pour Fano, le garçon abandonné, même constat : quand il était au milieu des bandits, que ressentait-il ? Avait-il peur ? Était-il excité ? Tous ces petits détails manquent pour faire un magnifique récit.
Le style d’écriture est agréable, fluide et léger. Le livre se lit vite. Pour conclure, c’est une découverte qui reste quand même intéressante !

Murambi, le livre des ossements

Fiche identité

  • Titre du livre : Murambi, le livre des ossements 
  • Auteur : Boubacar Boris Diop
  • Nombre de pages : 220
  • Édition : Zulma
  • Année de publication : 2000

Résumé

L’auteur nous expose ici quelques faits autour du génocide rwandais, à travers une poignée de personnages. 

Avis     

Lire ce livre, c’est accepter d’être confrontée à une histoire difficile, éprouvante et cauchemardesque. Ce livre raconte, à travers plusieurs personnages, quelques événements avant, pendant et après le génocide rwandais, une des horreurs du XXème siècle.
L’insoutenable est dans ses lignes : des exactions horribles, des pères de famille hutus qui ont tué leur compagne tutsi ainsi que ses propres enfants, des milices qui ont tué des gens réfugiés dans des églises et dans des écoles, etc. Je ne peux pas les citer tous ici tellement ils sont légion, mais ce génocide fut une vraie boucherie qui a duré cent jours au cours de l’année 1994. Où était la communauté internationale à ce moment-là ? Quel rôle trouble jouait la France ? Pourquoi l’Église catholique est restée muette devant les agissements de ces sujets ? Des questions, qui 30 ans cette année, restent toujours d’actualité.
Certaines descriptions donnent froid dans le dos. J’ai posé ce livre plusieurs fois pour aller prendre un bol d’air, admirer la nature et essayer de calmer la nausée qui montait dans ma gorge. Certains me demanderont : pourquoi avoir des lectures aussi éprouvantes ? Pour moi, il s’agit d’un devoir de mémoire. Pour ne pas oublier que nous sommes des êtres humains qui en rien de temps peuvent basculer dans la folie, dans la barbarie et le meurtre. Pour se souvenir de tous ces gens inconnus, mes frères et sœurs africains, morts inutilement à cause de la politique et de l’avidité d’une minorité d’élites.
Si le livre de Gaël Faye (cf. Jacaranda) aborde de manière superficielle ce sujet, cet ouvrage entre en profondeur avec un style d’écriture sobre, discret, pour ne pas dire presque froid. Les personnages sont nombreux donc il est difficile de s’attacher à l’un d’eux en particulier.
L’auteur est d’origine sénégalaise. Il a participé à un atelier collectif d’écriture au Rwanda sur le génocide, ce qui lui a permis d’être au plus près des survivants et de voir des sites marqués par cette barbarie. J’ai aimé la postface où il prend position sur ce drame historique, car il
critique non seulement le rôle de la France, mais aussi l’ignorance des autres intellectuels africains sur l’ampleur du phénomène.
Pour conclure, un roman avec un sujet difficile qui ne laissera personne indifférent !