L’aveuglement

Fiche identité

  • Titre du livre : L’aveuglement
  • Auteur : José Saramago
  • Nombre de pages : 384
  • Édition : Seuil
  • Année de publication : 1996

Résumé

Une personne devient aveugle subitement au volant de sa voiture. Il s’arrête, crée une certaine confusion qui finit par se calmer lorsqu’un homme s’offre gentiment à le ramener chez lui.
Mais cette maladie se propage rapidement sans explication scientifique : un cas contact devient au bout de quelques heures un cas aveugle. Le phénomène se transforme rapidement en une pandémie incontrôlable.

Avis     

Je ressors de ce roman ravi et époustouflé par le thème choisi par l’auteur. Quel chef-d’œuvre ! Alors là, chers lecteurs, quel chef-d’œuvre ! Ce livre vous glace le sang en même temps qu’il vous donne une perspective plutôt pessimiste sur l’être humain.
Quand des gens deviennent aveugles du jour au lendemain, le gouvernement décide de les enfermer dans un hospice sans aucune aide hospitalière. Ils doivent se débrouiller par eux-mêmes hormis des box de nourriture déposés à l’entrée. Dans cet endroit, les règles ne sont plus les mêmes : comment rester propre ? Comment continuer à vivre normalement alors qu’on ne voit plus rien ? Comment faire lorsque d’autres individus imposent leur loi et que plus personne n’est là pour protéger vos droits ?
Dans ce microcosme qu’est l’asile de fous, se crée de nouvelles conditions sociales, de nouvelles situations effrayantes de réalisme. Je me suis dit : ça ne peut pas se passer ainsi ! Mais à bien y réfléchir, je me suis dit : ça ne peut que se passer ainsi ! Une fois la vue perdue, l’homme devient rapidement une bête sauvage. La civilisation, qu’on prône avec tellement de fierté, n’est plus qu’un tas de merde (pardonnez-moi le terme, mais ce mot résume tout l’esprit de ce livre !).
Le style d’écriture est assez particulier. Il est fluide, très agréable, mais les dialogues se font sous forme de successions de virgules. Au début, c’est assez déroutant, mais on s’y habitue bien vite. Les descriptions restituent bien l’ambiance d’apocalypse : on visualise avec acuité les tas d’immondices disséminés partout (âmes sensibles, accrochez-vous !), le chaos et l’anarchie qui règnent.
Personne ne peut sortir indemne de ce livre. C’est intelligent, addictif et brillamment construit ! Un chef-d’œuvre que je recommande à tous !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : Les intermittences de la mort 

Le choix de Sophie

Fiche identité

  • Titre du livre : Le choix de Sophie 
  • Auteur : William Styron
  • Nombre de pages : 636
  • Édition : Gallimard
  • Année de publication : 1979

Résumé

Stingo, un jeune écrivain débutant qui vient du sud des Etats-Unis déménage dans la banlieue de Brooklyn. C’est dans ce nouvel endroit qu’il rencontre Sophie et Nathan, un couple excentrique qui le fascine terriblement. Il nouera une très forte amitié avec eux au point de devenir le principal confident de Sophie.

Avis     

Ce livre est d’une beauté stupéfiante. C’est comme une secousse sismique au fond de soi, un déferlement d’émotions comme rarement, je l’ai vécu. À la fin, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps et il m’a fallu plusieurs jours pour m’en remettre. À l’heure où je vous écris, ces personnages me hantent encore et continueront à le faire quelque part dans ma mémoire.
Pourtant, j’ai eu du mal à entrer dans cette histoire. Le premier chapitre raconte les débuts malheureux de Stingo dans une maison d’édition. C’est avec une ironie mordante qu’il décrit ses conditions de vie. Puis l’auteur change de décor et fait entrer en scène Sophie et Nathan. Au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture, l’histoire devient de plus en plus prenante. On découvre la passion amoureuse et destructrice qui lie Sophie et Nathan, les multiples frustrations que vit Stingo par rapport à sa sexualité inassouvie, mais aussi les confessions de Sophie sur son passé en Pologne.
C’est un roman qui emmène le lecteur dans un tourbillon de sentiments : on sourit devant les tribulations de Stingo dans sa vie amoureuse ; on reste un peu effrayé devant l’inertie de Sophie face à la violence des sentiments de Nathan. Je me suis bêtement dit : « c’est son choix après tout ». Mais quand les secrets les plus profonds sortent enfin du néant, tout s’explique. Je suis restée tétanisée, en larmes. J’ai enfin compris pourquoi ils se comportaient ainsi. J’ai eu honte d’avoir jugé Sophie et Nathan, mais vraiment honte ! La seule leçon que je peux tirer, c’est qu’on ne peut juger personne, car on ne sait pas quelles épreuves elle a affronté auparavant.  
Les personnages sont extrêmement bien construits, avec une analyse psychologique des plus fines et des plus intéressantes. Suivre Stingo, c’est entrer dans la jeunesse, le manque d’expérience et l’apprentissage de la vie. Suivre Nathan, c’est frôler les méandres de la folie. Suivre Sophie, c’est plonger dans un destin tragique et insoutenable, où l’ironie est cruelle, car elle n’est fautive que d’une peccadille qui la conduira en enfer. J’ai tremblé devant certaines scènes, devant cette horreur décrite sur les conditions de vie dans le camp d’Auschwitz. Voici d’ailleurs une citation qui m’a intensément émue.
« La déclaration la plus pertinente faite jusqu’à ce jour sur Auschwitz n’était pas une déclaration mais une réponse :
La question : « A Auschwitz, dis-moi, où était Dieu ? »
Et la réponse : « Où était l’homme ? »

Le style d’écriture est superbe, magnifique et dense. Il nécessite du temps et une vraie disponibilité d’esprit, car il vous dévore en entier et ne vous laisse pas indemne. Un roman EXCEPTIONNEL, INOUBLIABLE, MAGISTRAL à découvrir !