Les cercueils de zinc

Fiche identité

  • Titre du livre: Les cercueils de zinc
  • Auteur: Svetlana Alexievitch
  • Nombre de pages: 269
  • Édition: Christian Bourgois Editeur 
  • Année de publication: 1989

Résumé

L’auteur recueille ici des témoignages de soldats ou de mères de soldats décédés qui ont participé à la guerre d’Afghanistan.

Avis     

Ce livre, bien que court, fut un des plus éprouvants que j’ai lu. C’est la somme de plusieurs témoignages sur la guerre que l’URSS a mené contre l’Afghanistan pendant une dizaine d’années. Plusieurs voix parlent : celui des soldats mutilés qui reviennent de la guerre, celui des soldats qui ne sont pas blessés physiquement mais brisés intérieurement, celui des mères à jamais affectées et meurtries par la mort de leur enfant, celui des infirmières ou médecins qui se sont engagés par vocation et qui découvrent une autre réalité.
Ce livre dénonce tellement de choses : l’absurdité de la guerre, les mensonges du gouvernement sur les actions menées en Afghanistan, la violence quotidienne et banalisée de la guerre (les mines, les attentats perpétrés par les autochtones, les blessures souvent très graves, les tortures, les crimes de guerre etc.). Certains jeunes se sont engagés par idéalisme, pensant « servir » leur nation mais la réalité est toute autre. D’autres ont été contraints et forcés, et c’est parce qu’ils n’avaient pas le choix qu’ils se sont trouvés sur le front.
Lire toutes ses horreurs m’a vraiment affecté puisque j’en ai fait des cauchemars et des cauchemars. J’ai failli abandonner ce roman plusieurs fois mais je l’ai terminé avec beaucoup de courage. C’est peut-être pour cette raison que je n’ai pas mis une note beaucoup plus élevée. Certains passages sont insoutenables. D’autres m’ont fait pleurer des torrents de larmes au point que je me suis promise que mon enfant ne serait jamais militaire (enfin je l’espère).
Je n’ai rien contre le style d’écriture qui est fluide, agréable dans l’ensemble. L’auteur arrive à restituer en peu de mots les sentiments et les émotions qui animent chaque personnage. Néanmoins, je trouve que les cinquante dernières pages sont longues : l’auteur remet ici tous les articles de journaux et les minutes du procès contre son livre.
Pour conclure, c’est une lecture vraiment dure donc âmes sensibles, abstenez-vous !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blogLa fin de l’homme rouge – La supplication 

Les abeilles grises

Fiche identité

  • Titre du livre: Les abeilles grises 
  • Auteur: Andreï Kourkov
  • Nombre de pages: 432
  • Édition: Liana Lévi
  • Année de publication: 2020

Résumé

Il ne reste que Sergueï et Pachka dans le petit village de Mala Starogradivka, situé dans la zone grise de l’Ukraine. Bien que les deux hommes ne s’entendent pas bien, ils essaient de coopérer pour survivre dans des conditions de vie rudimentaires, rythmées par le bruit de tirs et des obus qui tombent.
Sergueï, passionné d’apiculture, décide de quitter quelques mois le village pour emmener ses abeilles butiner sur des terres plus calmes. 

Avis     

C’est grâce au site Babelio que j’ai découvert cet ouvrage qui évoque plusieurs thèmes liés au conflit entre l’Ukraine et la Russie. C’est une histoire qui est paradoxalement dure et douce à la fois.
Ce récit est dur car le lecteur est confronté aux conditions de vie extrêmement difficiles dans la zone grise, devenu un no man’s land où ne survivent que deux hommes, Sergueï et Pachka. Leur quotidien est composé de peu de choses :  l’absence d’électricité, les tirs d’obus en bruit de fond continu, le chauffage au charbon, la nourriture quotidienne conditionnée dans des boîtes de conserve, la solitude comblée par les bouteilles de vodka ou la visite impromptue de quelques soldats du front. Le plus dur est l’incertitude sur le lendemain, ou les minutes qui suivent quand les bombardements se rapprochent de leur bourg.
Le lecteur découvre également l’animosité qui règne entre les Tatars et les Slaves, la méfiance grandissante entre Ukrainiens selon qu’ils viennent de l’un ou de l’autre côté de la frontière.
Mais c’est une histoire douce, plein d’empathie et de bienveillance. Sergueï, grâce à sa passion de l’apiculture possède une humanité, une philosophie et une douceur hors du commun. Lors de son périple, il rencontre la plupart du temps des gens incroyables, généreux et pleins de bon cœur.
C’est un homme solitaire mais doux, bon et attachant. Il ne veut ni déranger ni être encombrant mais quand les gens ont besoin d’aide, il est là pour eux à sa manière.
Le style d’écriture est agréable, poétique, plein de mélancolie et de contemplation. Les descriptions de la nature sont magnifiques et apportent de la paix. Je terminerai par ces deux mots issus du livre qui m’ont marqué : « Vivant ? ». « Vivant ».