Le premier amour

Fiche identité

  • Titre du livre: Le premier amour
  • Auteur: Sandor Marai
  • Nombre de pages: 352
  • Édition: Le livre de poche
  • Année de publication: 1928

Résumé

Lors des vacances dans une vieille station thermale et pour passer le temps, un professeur hongrois décide d’écrire un journal intime.

Avis          

La couverture de ce livre est paradoxale car elle ne reflète que très peu le récit principal. En effet, nous avons ici le journal intime d’un professeur de latin qui vit dans une province de Hongrie. Jour après jour, à travers son journal, nous découvrons les sentiments et émotions qui l’animent.
Le principal thème du livre est la solitude. Cet homme est seul, sans famille, sans épouse, sans attaches mis à part son travail qu’il exécute fidèlement jour après jour. Les relations avec ces collègues se limitent au minimum et mis à part des promenades le long de la ville et se poser dans un cercle, cet homme a une existence des plus solitaires.
Cette vie, régulière comme un métronome, est perturbé par une forte crise, un accès de dépression qu’il traverse: qui est-il? qu’a-t-il fait ? sa vie n’est-elle que ce néant et ce vide ? Il s’est laissé vivre, balloté par les circonstances, emmuré dans ses habitudes et sa solitude. Le seul incident qui aurait pu modifier le cours de son existence l’a fait fuir et depuis rien n’a changé. Vu ainsi, ce livre semble peu intéressant et pourtant j’ai éprouvé beaucoup de compassion et de pitié pour ce pauvre homme.
Une rencontre avec un jeune homme aussi ermite que lui dans une station thermale va lui ouvrir peu à peu les yeux. De plus, l’introduction de la mixité dans une classe de terminale va le métamorphoser : il sera confronté à des sentiments qu’il ne connaît pas et qu’il a du mal à appréhender. Le professeur est pris dans les affres de la passion amoureuse sans pourtant l’identifier, et de ce fait, il commet des maladresses et des actes nuisibles. A un moment, je me suis même demandée s’il avait perdu la raison en interprétant peut-être à tort les faits.
Ce quatrième coeur s’explique par le réalisme saisissant qui s’empare du lecteur lors de la lecture du journal intime. La plume de l’auteur est claire, précise et nous plonge dans les états d’âme de ce professeur avec une finesse psychologique exceptionnel.
J’ai aimé ce livre parce que les tourments éprouvés par le personnage sont si réalistes et que ces problèmes restent tellement actuels à notre époque où nous sommes de plus en plus connectés mais de plus en plus seuls.
Un auteur hongrois à découvrir absolument !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: Les braises

Le pianiste

Fiche identité

  • Titre du livre: Le pianiste
  • Auteur: Wladyslaw Szpilman
  • Nombre de pages: 320
  • Édition: Pocket
  • Année de publication: 1946

Résumé

1939, Varsovie. L’Allemagne envahit la Pologne et occupe la capitale. Wladyslaw, pianiste à la radio nationale, est juif et comme tous ses semblables, il subira les persécutions nazies. Dans cette autobiographie, il nous raconte son calvaire durant ces cinq années de guerre.

Avis    

A l’heure où le nationalisme prend de l’ampleur dans chaque pays, il est bon d’avoir un témoignage de ce type, pour nous rappeler à quel point tout mouvement extrémiste est dangereux.
Wladyslaw est pianiste à la radio polonaise mais l’arrivée de l’armée allemande va bouleverser son existence, celle de sa famille ainsi que tous les juifs de Pologne. Tout commence insidieusement : ils sont d’abord enfermés dans les ghettos, dans des conditions inhumaines où pullulent les maladies, la saleté, la pauvreté et la surpopulation. Puis, ils sont ensuite déportés petit à petit pour mourir dans des camps de concentration. Les Allemands font partie de cette machination, mais l’auteur montre aussi que certains juifs étaient des collaborateurs étroits, qui n’hésitaient pas à s’enrichir impunément au détriment de leurs semblables.
Wladyslaw, également déporté, ne doit sa survie qu’à une main qui l’a tiré hors du cortège lors de la montée du train, et parce que cette personne affectionne la musique qu’il joue. Son talent de pianiste l’a sauvé, mais que serait-il advenu s’il avait été un simple ouvrier? Ainsi commence son long calvaire : se cacher d’appartement en appartement grâce à l’aide d’amis polonais, survivre avec des restes de nourriture souvent moisis, échapper à un incendie et aux nazis etc.
Son style d’écriture est très sobre, presque détaché malgré toutes les horreurs qu’il a endurées et les violences qu’il a vues. Mais ce qui est merveilleux c’est qu’à aucun moment il ne sombre ni dans le pathétique ni dans la haine ni dans l’esprit de vengeance. C’est une belle leçon d’humanisme que cet auteur nous donne!
Ce livre est également paru en film et – c’est rare – il est bien tourné, très fidèle au livre et à la pensée de l’auteur.
Pour conclure, un livre à mettre entre toutes les mains ! Et un bon film à visionner ensuite!