Nickel Boys

Fiche identité

  • Titre du livre : Nickel Boys
  • Auteur : Colson Whitehead
  • Nombre de pages : 272
  • Édition : Albin Michel
  • Année de publication : 2019

Résumé

Floride dans les années 1960. Elwood Curtis, un jeune adolescent noir, prend très à cœur les messages de paix et de tolérance de Martin Luther King. Lorsqu’il obtient une place dans une université, ces rêves sont au plus près de se réaliser. Mais suite à une erreur judiciaire, tout s’écroule et il se retrouve enfermé dans une maison de correction pour jeunes délinquants.

Avis     

Qu’est-ce qui se passe lorsqu’on sort émerveiller d’un livre ? Qu’est-ce qui se passe lorsqu’on rencontre une seconde fois un auteur et que celui-ci nous a tout simplement subjugué, fasciné et entraîné là où on ne pensait pas aller ? La réponse est : on est un lecteur heureux ! Heureux de savoir que la littérature contemporaine sait se renouveler, heureux des belles surprises et des rencontres sur la route littéraire.
Ce livre est juste magnifique, court, mais d’une intensité que j’ai rarement vue dans mes lectures.
Le résumé nous en dit déjà long, mais je le reprends un peu : Elwood est un jeune garçon noir, sérieux et attachant. Élevé seul par sa grand-mère, bercé par les discours de Martin Luther King, il grandit dans un idéal où la non-violence, les mêmes droits pour tous peuvent devenir une réalité. Mais lorsqu’une erreur judiciaire se produit, pire, la fatalité, car il n’est pas coupable, mais n’a pas les moyens de se défendre correctement, Elwood est envoyé dans une maison de correction pour jeunes délinquants.
Là-bas règne la terreur incarnée par le directeur, adepte des châtiments corporels violents. Les adolescents « éduqués » là-bas subissent de multiples sévices, de la maltraitance sans compter tous les fonds qui leur sont destinés copieusement détournés par l’administration. Malgré tout ce qui se passe, on ne peut qu’admirer le courage des garçons qui y vivent, mais qui ressortiront brisés de cette douloureuse expérience. On ne peut que trembler de rage devant l’inertie des autorités qui ferment les yeux sur ce type d’endroit.
La construction de ce roman est magistrale : jusqu’au bout, l’auteur sait tenir le lecteur en haleine. Certaines scènes sont devinées plus que décrites avec minutie, mais elles n’en sont pas moins réalistes et glaçantes d’horreur. J’aime ce procédé, car il laisse toute une latitude au lecteur : c’est comme si l’auteur, semblable à un guide qui tient une lanterne, éclaire l’ombre pour le lecteur qui voit la scène et l’interprète à sa guise.
Le style d’écriture est limpide, riche et fluide. Il a une plume de conteur, un don pour subjuguer le lecteur. La fin est simplement mythique, une des plus belles que j’ai lues à ce jour.
Bref, vous l’aurez compris, c’est un énorme coup de cœur que je recommande absolument !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog : Underground railroad

Dans la forêt

Fiche identité

  • Titre du livre: Dans la forêt
  • Auteur: Jean Hegland
  • Nombre de pages: 308
  • Édition: Edition Gallmeister
  • Année de publication: 1996

Résumé

Le monde tel que nous le connaissons semble avoir disparu : plus d’électricité, plus d’essence ni de réseau téléphonique. Eva et Nell, deux soeurs, essaient de survivre seules dans leur maison familiale au cœur de la forêt.

Avis     

Tout le monde parle de ce livre partout où je traîne. Curieuse, je me suis empressée de le lire mais je n’ai pas autant apprécié que la majorité des lecteurs.
C’est l’histoire d’Eva et de Nell, deux adolescentes qui essaient de survivre dans un monde post-apocalyptique. Le lecteur ne sait pas très bien pourquoi le monde a basculé : une guerre ? une épidémie? une centrale nucléaire qui a explosé quelque part ? Toujours est-il que désormais, il n’y a plus ni électricité, ni carburant, ni moyens de communication.
Eva et Nell vivent seules au monde dans une maison délabrée non loin de la forêt. Au début, les vivres stockés par leurs parents suffisent à leur subsistance. Chacune peut vaquer à ses occupations et se raccrocher à leur rêve : l’une souhaite devenir danseuse professionnelle, l’autre intégrer Harvard. Mais lorsque la nourriture manque et que la situation semble stagner, Nell, la cadette, va tenter d’apprivoiser la nature. Elle se lance dans un jardin potager puis apprend petit à petit les caractéristiques et les vertus des plantes dans la forêt qui se trouve à proximité de leur domicile.
Ce texte est un hommage à l’amour filial : malgré leurs différences, les deux sœurs sont attachées l’une à l’autre et restent solidaires face aux épreuves.
Puis c’est aussi un hommage à la nature : grâce à son abondance et à sa richesse, les deux jeunes filles arrivent à se procurer le nécessaire pour leurs besoins basiques (se nourrir, se soigner, se chauffer etc.).
Le style d’écriture est agréable. Mais voilà, j’ai trouvé l’ensemble un peu lisse : pour deux adolescentes peu aguerries, elles se débrouillent étonnamment bien. J’aurai préféré plus de difficultés ou une tension plus forte. En plus, la première moitié du livre est assez longue car la narratrice, Nell, revient longuement sur leur passé familial, sur ses propres émotions d’adolescente, sur les sentiments ambigus et contradictoires qu’elle nourrit envers Eva, son unique sœur.
La fin est assez décevante mais laisse un champ assez large de possibilités pour l’imagination du lecteur.
Autre remarque : la couverture de ce livre est idyllique, fausse et ne représente pas le thème principal. Ce n’est pas un pique-nique en forêt mais bien une question de survie dans un monde hostile donc à quoi sert la robe blanche sur ce dessin ?!?
Pour conclure, un livre assez court mais qui peut quand même valoir le détour pour les amoureux de la nature.