Murambi, le livre des ossements

Fiche identité

  • Titre du livre : Murambi, le livre des ossements 
  • Auteur : Boubacar Boris Diop
  • Nombre de pages : 220
  • Édition : Zulma
  • Année de publication : 2000

Résumé

L’auteur nous expose ici quelques faits autour du génocide rwandais, à travers une poignée de personnages. 

Avis     

Lire ce livre, c’est accepter d’être confrontée à une histoire difficile, éprouvante et cauchemardesque. Ce livre raconte, à travers plusieurs personnages, quelques événements avant, pendant et après le génocide rwandais, une des horreurs du XXème siècle.
L’insoutenable est dans ses lignes : des exactions horribles, des pères de famille hutus qui ont tué leur compagne tutsi ainsi que ses propres enfants, des milices qui ont tué des gens réfugiés dans des églises et dans des écoles, etc. Je ne peux pas les citer tous ici tellement ils sont légion, mais ce génocide fut une vraie boucherie qui a duré cent jours au cours de l’année 1994. Où était la communauté internationale à ce moment-là ? Quel rôle trouble jouait la France ? Pourquoi l’Église catholique est restée muette devant les agissements de ces sujets ? Des questions, qui 30 ans cette année, restent toujours d’actualité.
Certaines descriptions donnent froid dans le dos. J’ai posé ce livre plusieurs fois pour aller prendre un bol d’air, admirer la nature et essayer de calmer la nausée qui montait dans ma gorge. Certains me demanderont : pourquoi avoir des lectures aussi éprouvantes ? Pour moi, il s’agit d’un devoir de mémoire. Pour ne pas oublier que nous sommes des êtres humains qui en rien de temps peuvent basculer dans la folie, dans la barbarie et le meurtre. Pour se souvenir de tous ces gens inconnus, mes frères et sœurs africains, morts inutilement à cause de la politique et de l’avidité d’une minorité d’élites.
Si le livre de Gaël Faye (cf. Jacaranda) aborde de manière superficielle ce sujet, cet ouvrage entre en profondeur avec un style d’écriture sobre, discret, pour ne pas dire presque froid. Les personnages sont nombreux donc il est difficile de s’attacher à l’un d’eux en particulier.
L’auteur est d’origine sénégalaise. Il a participé à un atelier collectif d’écriture au Rwanda sur le génocide, ce qui lui a permis d’être au plus près des survivants et de voir des sites marqués par cette barbarie. J’ai aimé la postface où il prend position sur ce drame historique, car il
critique non seulement le rôle de la France, mais aussi l’ignorance des autres intellectuels africains sur l’ampleur du phénomène.
Pour conclure, un roman avec un sujet difficile qui ne laissera personne indifférent !