Certaines n’avaient jamais vu la mer

Fiche identité

  • Titre du livre: Certaines n’avaient jamais vu la mer
  • Auteur: Julie Otsuka
  • Nombre de pages: 144
  • Édition: Phebus
  • Année de publication: 2011

Résumé

L’auteur raconte ici le destin de plusieurs femmes japonaises, exilées en Californie au début du XXème siècle. En effet, elles se sont retrouvées marier par procuration – soit par choix, soit par décision de leur famille – à un homme qu’elles n’ont jamais vu.

Avis    

Après avoir cherché en vain depuis plusieurs mois un livre susceptible de me surprendre, voici que j’en trouve enfin UN qui m’a beaucoup ému et qui mérite amplement sa place parmi les meilleurs livres que j’ai lu jusqu’à maintenant.
Je commencerai par le style d’écriture : il y a une poésie dans chaque ligne, une émotion dans chaque phrase, une mélodie dans chaque paragraphe. L’auteur ne raconte pas l’histoire d’une personne mais se fait la voix de plusieurs femmes japonaises exilées et mariées à des inconnus. Elle a un talent indéniable pour décrire chaque situation en peu de mots, pour nous partager les souffrances, les petites joies et les misères de chacune de ces femmes.
Car de la misère, oui, il y en a au point d’en avoir les larmes aux yeux : tout commence par leur trajet en bateau, où elles évoquent ce mari inconnu, qu’elles ont vu sur une photo. Ensuite vient la nuit de noces, souvent violente et brutale. Puis la désillusion complète: au lieu d’être marié à un riche homme comme le promettait l’entremetteuse, elles se retrouvent à travailler dans les champs, à récolter des fruits et des légumes de ville en ville en Californie, à vivre dans un pays dont elles ne connaissent ni la langue ni la culture, à supporter les brimades et les abus, à accoucher seule dans les champs ou dans un taudis, à travailler comme domestique chez des riches californiens, à voir grandir leurs enfants dans un environnement inconnu, à subir leurs rejets et leurs moqueries car eux se sont adaptés aux Etats-Unis et ne comprennent pas les valeurs traditionnelles japonaises…Je n’en dirais pas plus mais il y a tellement de choses qu’on découvre et qu’on vit à travers ces quelques pages. L’auteur ne sombre ni dans le pathétique, ni dans le ressentiment, ni dans la plainte : elle décrit avec justesse chaque parcelle de vie.
La fin, brutale et triste, nous apprend beaucoup de choses du point de vue historique : les vagues d’immigration qui ont eu lieu en Californie, le statut des Japonais à la veille de la Seconde guerre mondiale, leur envoi dans des camps où personne n’a plus entendu parler d’eux. C’est un pan de l’histoire américaine, assez sombre et méconnu (en tout cas pour moi), mais qui mérite de ne pas être oublié !
Ce fut pour moi, une lecture inoubliable, une vraie pépite d’or ! Un livre magnifique à lire de toute urgence !

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