Une saison blanche et sèche

Fiche identité

  • Titre du livre: Une saison blanche et sèche
  • Auteur: André Brink
  • Nombre de pages: 404
  • Édition: Le livre de poche
  • Année de publication: 1979

Résumé

Cette histoire se déroule en Afrique du Sud au moment de l’apartheid. Ben du Toit est un homme sans histoire qui mène une vie bien rangée entre son métier de professeur d’histoire dans un lycée et sa vie de famille. Mais deux faits divers qui impliquent deux Noirs de son entourage viennent perturber son quotidien.

Avis    

Ce livre est un coup de cœur gigantesque : c’est le type d’ouvrage qui laisse une trace profonde dans la vie d’un lecteur et qui le pousse à remettre en question plusieurs aspects de l’ordre établi. Je m’excuse par avance si mon commentaire est long mais j’ai plusieurs choses à dire.
Deux incidents, qu’on pourrait même qualifier de faits divers à cette époque, viennent bouleverser la vie bien rangée de Ben du Toit. Il s’y intéresse, tout à fait par hasard, et parce qu’il ressent une certaine sympathie pour Gordon, qui a toujours bien effectué son travail de jardinier. Petit à petit, il est entraîné dans une situation inextricable, qui souvent le dépasse : comment expliquer la disparition subite du fils du jardinier dans les locaux de la police ? Et le décès de Gordon, son père, lorsque ce dernier se met à rechercher les causes de sa mort ? Ben du Toit veut savoir, mais cette recherche va surtout lui ouvrir les yeux sur la réalité du système politique et social dans lequel il vit quotidiennement, c’est à-dire une société où la couleur de la peau est un critère discriminant. Les citoyens noirs d’Afrique du Sud vivaient à cette époque dans des conditions déplorables, où la précarité la violence, l’insécurité et l’injustice étaient monnaie courante. La justice elle-même n’est qu’un simulacre et les méthodes de la police font froids dans le dos.
L’auteur évoque avec subtilité plusieurs autres sujets : la quête d’un homme épris de sens et de justice dans un pays où les lois ne lui permettent pas d’assouvir ce besoin, la liberté d’expression et d’opinion, qui se heurte avec l’ordre établi (et qui semble juste pour les autres), les pressions exercées par l’entourage, l’illusion et le combat pour un idéal.
Deux questions me sont venues à l’esprit lors de cette lecture :
– est-ce que se battre pour un idéal en vaut-il réellement la peine ? Ben du Toit s’y risque mais peut-on dire à la fin du livre qu’il y est arrivé ?
– qu’est-ce que la loi et la justice ? Comment peut-on estimer que les lois qui régissent un pays sont justes ? La plupart des Blancs considéraient cette situation comme normal et acceptaient de fait ce qui existait déjà. Nous, dans notre système politique, économique et social actuel, est-ce qu’il y a des choses que nous prenons pour acquis et pourtant qui sont totalement absurdes ? A quel moment faut-il remettre en question ce qui existe déjà ?
Le style de narration change fréquemment car il y a un mélange entre les fragments de journaux et les points de vue du narrateur. Mais, l’ensemble est parfaitement bien agencé, et il n’y a pas de brusque coupure.
Le ton est fluide, agréable, avec une richesse dans les mots, une profondeur dans chaque phrase qui a fait vibrer toutes mes cordes sensibles.
Que dire de plus à part à lire de toute urgence !!!

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