Un garçon convenable

Fiche identité

  • Titre du livre: Un garçon convenable 
  • Auteur: Vikram Seth
  • Nombre de pages: 1 780
  • Édition: Le livre de poche
  • Année de publication: 1993

Résumé

Cette histoire se déroule dans l’Inde des années 50. Mme Mehra souhaite que sa fille cadette Lata trouve un mari convenable. Mais dans ce pays à peine sorti de la colonisation, les mœurs commencent à évoluer.

Avis     

C’est avec un immense plaisir que je vous présente ce roman indien, méconnu en France. Cette histoire qui s’étale sur une longue période nous emmène dans un voyage coloré, exotique et lointain dans l’Inde provincial des années 1950.
Le pivot de cette histoire est Lata, la fille cadette de Mme Mehra. Cette veuve souhaite que sa fille puisse avoir un mariage convenable, avec un parti qu’elle aura elle-même choisie. Nous voici ballotés entre Calcutta et Brahmpur avec une série de personnages inoubliables et attachants qui tournent autour de la famille Mehra, les Kapoor, les Chatterji, la famille du Nawab sans oublier Malati, Haresh, Saeeda Bai, Rasheed Kabir etc. Je vous avoue que j’ai une préférence pour les personnages suivants : Lata, Savita, Maan, Firoz, Meenakshi, Kakoli et Amit. Mme Mehra m’a agacée avec son côté autoritaire et aussi sa propension à user du chantage affectif pour obtenir l’obéissance de ses enfants.
Mais ce roman est aussi l’occasion pour l’auteur d’évoquer plusieurs thèmes d’actualité de l’époque : les enjeux politiques avec les guerres internes du parti du Congrès sous l’égide de Nehru ; les coutumes religieuses qui paraissent assez abscons pour un occidental ; les lois sur les zamindari qui ont dépossédés une partie des propriétaires fonciers ; les tensions entre les Hindous et les Musulmans, souvent exacerbées lors des fêtes religieuses ; les conditions des femmes, notamment les mariages arrangées par les familles sans que la principale concernée ait son mot à dire ; les problèmes des castes ; la corruption qui prend de plus en plus d’ampleur dans le pays etc.
Moi qui suit férue de littérature indienne, j’ai découvert ce pays dans toute sa splendeur : sa musique avec ses fameux ragas que j’ai essayé d’écouter sur une plateforme en ligne (euh…pas trop ma tasse de thé), ses plats mijotés qui semblent si délicieux, l’abondance des liens familiaux et sociaux, fils conducteurs de la vie de la communauté.
J’ai beaucoup aimé son style d’écriture qui nous berce et qui nous emmène dans cette contrée exotique. L’auteur a un vrai talent de conteur, beaucoup de charme, de légèreté avec un soupçon d’ironie. Seuls certains passages m’ont paru fastidieux et longs comme tous les chapitres autour de Nehru, toutes les descriptions des rites religieux, ce qui explique que le livre n’a pas obtenu la note maximum.
Je quitte ce livre avec une pointe de chagrin car ces personnages ont partagé mon quotidien pendant plusieurs semaines. C’est un peu comme si je quittais des amis, des membres de ma famille. J’aurai tant aimé que cette histoire continue sur au moins mille pages de plus. Tant de questions sont restés sans réponse : que devient Varun ? Arun va-t-il découvrir les frasques de Meenakshi ? Kakoli restera-t-elle avec Hans ? Lata sera-t-elle heureuse ?
A lire absolument (absolument) pour les amateurs de littérature indienne !

Mangue amère

Fiche identité

  • Titre du livre: Mangue amère
  • Auteur: Bulbul Sharma
  • Nombre de pages: 185
  • Édition: Philippe Picquier
  • Année de publication: 2012

Résumé

Pendant les préparatifs d’un banquet funèbre, des femmes s’échangent des anecdotes de leur vie quotidienne.

Avis     

Ce roman est une succession de nouvelles autour de la cuisine et de la place de la femme indienne dans une famille.
La cuisine est le lieu où elle règne, où elle peut déverser ses joies et ses peines. Mais c’est aussi leur prison car elles doivent préparer quotidiennement les plats qui nourrissent la famille, souvent  élargie et sous la férule d’une belle-mère exécrable.
Ces anecdotes sont de qualité inégale et ont un goût plutôt amer : une femme qui se fait empoisonner par sa belle-mère car cette dernière estime qu’elle a une trop forte personnalité; une mère nostalgique de son fils  unique parti vivre aux Etats-Unis, une femme qui « empoisonne » son mari en lui préparant tous les jours des plats bien gras, des femmes indiennes à l’étranger qui se retrouvent pour cuisiner lors d’un évènement religieux, une réunion de famille autour d’un curry etc…
La nourriture est souvent associée aux souvenirs, à la nostalgie. Par rapport à son précédent roman intitulé La colère des aubergines, je trouve que ce recueil de nouvelles est plus triste et plus mélancolique.
La société indienne est rigide, avec les femmes reléguées au second plan : elles sont sous la domination de belles-mères cruelles, corvéables à merci, mariées sans connaître leur époux donc vendues comme du simple bétail. Elles partagent leur mari avec d’autres femmes qui ont subi le même sort et si elles ont le malheur d’être stériles, elles sont répudiées et chassées de leur belle-famille. Ces situations donnent froid dans le dos et nous montrent à quel point les droits des femmes sont encore loin d’être respectés.
Le style d’écriture est agréable, fluide et se lit vite. Les nouvelles sont courtes donc on reste un peu frustré: à chaque chapitre, il y a comme une impression d’inachevé car on a envie de continuer avec les personnages décrits mais hélas, cela s’arrête bien trop vite. Dommage !

Autre(s) livre(s) de cet auteur commentés dans ce blog: La colère des aubergines